Le cimetière chrétien de Diar Essaâda à El Mada-nia à Alger, a été hier le théâtre d´une importante commémoration en hommage aux martyrs de la Révolution algérienne, en l´occurrence, Henri Maillot tombé au champ d´honneur le 5 juin 1956 à Chlef, en compagnie de Maurice Laban. Henri Maillot, officier de l´armée coloniale, a déserté les rangs de l´armée française le 4 avril 1956, pour livrer des armes aux militants de l´ALN. Un camion plein d´armes et de munitions, a été offert aux maquisards afin de renforcer le combat contre le joug du colonialisme français. Mme Yvette Maillot, 84 ans, soeur du défunt martyr Henri, livre son témoignage: «Il est rentré à la maison avec un visage tout rouge après sa désertion. Il a promis de rester deux jours avec nous, mais il est venu m´embrasser pour la dernière fois, et il n´est plus revenu depuis.» Trois jours après le départ d´Henri de sa maison, tous les biens de la famille Maillot ont été séquestrés par les colons. Dans une lettre adressée à la presse française, Henri Maillot expliqua les raisons de sa désertion «En vérité, les traîtres de la France, ce sont plutôt ceux qui, pour servir leurs intérêts égoïstes, dénaturent aux yeux des Algériens, le vrai visage de la France et de son peuple aux traditions généreuses, révolutionnaires et anticolonialistes. De plus, tous les hommes de progrès de France et du monde, reconnaissent la justesse de nos revendications nationales.» Durant cette période charnière, en 1956, le défunt Henri dénonce la politique coloniale de son pays et démasque l´opportunisme: «Le peuple algérien longtemps bafoué, humilié a pris résolument sa place dans le grand mouvement historique de libération des peuples coloniaux qui embrase l´Afrique et l´Asie. Sa victoire est certaine», écrivait le défunt Henri aux colonisateurs. «Ceux qui veulent faire croire que le combat des Algériens est un combat racial se trompent», dit-il. Les principes justes et nobles défendus par Henri Maillot, ont éveillé les consciences des peuples tout en inculquant les idées du nationalisme aux enfants d´Algérie, selon le témoignage de Zoheir Bessa, ancien journaliste en retraite à Alger Républicain à l´époque. Farouk Ksentini, président de la Cncppdh dira à ce propos: «Je n´ai pas connu ce grand homme qui a lutté pour la cause algérienne. Si mérite il y a, le seul mérite de la colonisation, c´est de faire paraître des Français de cette qualité, algériens de coeur.» Mustapha Boudina, président de l´Association des condamnés à mort de la Guerre d´Algérie rappelle: «Il est temps de développer le lien et créer un pont d´amitié entre tous les condamnés à morts qui ont lutté pour l´indépendance du pays.»Des établissements publics ou des rues devront être baptisés aux noms de ces deux martyrs en guise de reconnaissance au sacrifice de Henri Maillot et Maurice Laban. Par ailleurs, un film produit à la mémoire du défunt martyr Henri Maillot attend d´être diffusé à la Télévision algérienne. Le mardi 21 juin, un film sur Maurice Audin sera projeté à 18h à la Cinémathèque algérienne à Alger.