L'armée syrienne est entrée hier dans la ville rebelle de Jisr al-Choughour Selon des témoignages, il y a maintenant une scission au sein même de l'armée avec un groupe qui essaie de protéger les citoyens. Sans grand succès. Al Assad persiste à ignorer les pressions, condamnations et mises en garde de la communauté internationale. Le président syrien fait la sourde oreille. Allant plus loin que les massacres qui ont fait des centaines de morts, le régime syrien, dans sa fuite éperdue en avant, arme les familles alaouites, d´où est originaire le clan du président Bachar Al Assad. De fait sur le terrain, c´est la confusion générale. Selon des témoignages, il y a maintenant une scission au sein même de l´armée et un groupe qui essaie de protéger les citoyens. Sans grand succès. Après quelques jours de siège, l´armée est entrée, hier, dans la ville de Jisr al-Choughour, dans le nord-ouest du pays. De violents heurts s´en sont suivis selon la télévision publique syrienne. Elle indique que l´armée a pénétré dans la ville «après avoir désamorcé les explosifs et les charges de dynamite posés par les groupes armés sur les ponts et dans les rues». Jusque-là, environ 5000 réfugiés syriens ont fui vers la Turquie, où ils ont été installés dans des camps érigés par le Croissant-Rouge turc, et des milliers d´autres sont massés à la frontière, hésitant à la franchir. Dans ce contexte de guerre, la Maison- Blanche accuse Damas d´avoir provoqué «une crise humanitaire» par sa répression de la contestation. «Les Etats-Unis appellent le gouvernement syrien à cesser cette violence, et à donner au Comité international de la Croix-Rouge (Cicr) un accès immédiat et sans entraves à cette région», a déclaré la Maison- Blanche. Elle a aussi demandé au président Assad de «prendre des mesures immédiates et décisives et à écouter son peuple». En écho, la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, s´est dit samedi soir «très inquiète par la dégradation de la situation humanitaire». De son côté, le secrétaire général de l´ONU, Ban Ki-moon, a réitéré dans la soirée de samedi sa tristesse se disant inquiet pour ce qui est train de se passer en Syrie. Vendredi, le secrétaire général de l´ONU avait déjà condamné l´usage de la force militaire en Syrie, qu´il avait jugé «inacceptable», selon son porte-parole Martin Nesirky.. «L´utilisation de la force militaire contre des civils est inacceptable»,a-t-il souligné, appelant les autorités à engager «de véritables réformes». M. Ban, arrivé vendredi en Colombie, où il séjourna jusqu´à hier, a tenté d´appeler M. Assad jeudi mais s´est vu répondre que le dirigeant syrien n´était «pas disponible», avait expliqué Martin Nesirky aux journalistes. Se montrant très ferme et obstiné, le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a déclaré hier sur Sky News que le Conseil de sécurité des Nations unies devait prendre une «position claire» sur la Syrie, dans une résolution condamnant la répression par les forces gouvernementales. «Je pense qu´il est temps pour le Conseil de sécurité de prendre une position claire du type de celle que nous défendons, appelant le gouvernement syrien à répondre aux demandes légitimes (du peuple syrien), à relâcher les prisonniers d´opinion, à ouvrir l´accès à Internet et à coopérer avec le haut commissaire des Nations unies pour les droits de l´homme», a déclaré M. Hague. Selon lui, les perspectives d´obtenir une résolution du Conseil de sécurité sont «sur le fil du rasoir» et la Grande-Bretagne y travaille d´arrache-pied, en parlant aux Sud-Africains et aux Brésiliens notamment. Les 15 membres du Conseil de sécurité de l´ONU divergent sur l´opportunité d´une résolution condamnant la répression en Syrie. Les discussions autour de cette résolution doivent se poursuivre ce week-end alors que la Grande-Bretagne, la France, l´Allemagne et le Portugal expriment une frustration croissante face à l´opposition de certains des quinze pays membres du Conseil. La Russie et la Chine, membres permanents disposant d´un droit de veto, sont opposés à la résolution tandis que l´Afrique du Sud, le Brésil et l´Inde ont exprimé de sérieuses réserves. Près de trois mois après le début de la révolte mi-mars, et en dépit des sanctions et des protestations internationales, le régime, qui dit lutter contre des «groupes armés», semble afficher à nouveau sa détermination à mater dans le sang toute contestation. Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, pourtant un «ami» du président syrien, a décrit comme une «atrocité» les répressions chez son voisin. Depuis le 15 mars, la répression du mouvement de contestation a fait plus de 1200 morts, entraîné l´arrestation d´au moins 10.000 personnes et la fuite de milliers d´autres, selon des ONG.