Les dirigeants d´Afrique australe ont appelé dimanche soir les dirigeants zimbabwéens à accélérer les réformes démocratiques, sans trop critiquer toutefois le président Robert Mugabe. La «troïka», l´organe de sécurité de la Communauté de développement d´Afrique australe (Sadc), avait appelé, fin mars à Livingstone (Zambie), à mettre fin aux violences politiques qui ont accompagné ce processus de rédaction de la Constitution, à renoncer à toute intimidation et à respecter les libertés fondamentales. Si M.Mugabe n´était pas cité, il était directement visé, les points que mentionnait la troïka dans un communiqué étonnamment ferme se faisant assez exactement l´écho des préoccupations de son rival Morgan Tsvangirai, qui est depuis deux ans son partenaire forcé au sein d´un fragile gouvernement d´union nationale. Réunis en sommet à Johannesburg samedi et dimanche, les représentant des quinze pays de la Sadc ont employé un ton beaucoup moins sévère, se contentant de «prendre note» de la déclaration de Livingstone. Ils ont néanmoins «encouragé» les deux camps en présence «à aller plus vite dans la mise en oeuvre de l´Accord politique global (de partage du pouvoir de 2009, Ndlr) et créer un environnement favorable à la tenue d´élections qui soient libres et justes, dans les conditions d´un terrain politique stable». Ils ont également chargé la troïka de «continuer d´assister le Zimbabwe dans la mise en oeuvre pleine et entière de l´Accord politique global». L´Accord prévoyait, notamment la rédaction d´une nouvelle Constitution, garantissant les libertés publiques. Mais la rédaction de la nouvelle loi fondamentale a pris un an de retard, essentiellement à cause de troubles fomentés par la Zanu-PF, le mouvement de M.Mugabe. Les dirigeants de la Sadc n´ont pas adopté comme prévu la «feuille de route» devant conduire à de nouvelles élections au Zimbabwe. Le secrétaire exécutif de la Sadc, Tomaz Salomao, a indiqué à des journalistes que le texte étaient encore «un brouillon», et qu´il devait être finalisé par les parties en présence. «Nous espérons que quand nous nous réunirons en août à Luanda (pour le prochain sommet de la Sadc), ce document sera prêt», a-t-il dit. Cette feuille de route devant garantir la tenue d´un scrutin libre et équitable était une revendication de Morgan Tsvangirai, qui craint que le pays ne retombe dans le climat de violences qui avaient endeuillé le scrutin de 2008. Ce contretemps ne devrait pas arranger les affaires de Robert Mugabe, qui aimerait pouvoir rompre l´alliance avec M.Tsvangirai pour aller aux urnes avant la fin de l´année. Le journal zimbabwéen (pro-Mugabe) The Herald écrivait ainsi samedi, que «La Zanu-PF insiste sur le fait que, si le programme de la feuille de route peut être rempli en 2011, les élections doivent avoir lieu cette année». Quant au camp de Morgan Tsvangirai, il estime qu´elles ne pourront être organisées avant l´année prochaine, le temps notamment d´adopter la Constitution et de remettre à jour les listes électorales, dont un tiers des inscrits actuels seraient morts.