Un week-end pour réussir. C'est le pari que se sont donnés le président sud-africain, médiateur, et les chefs d'Etat de la Sadc pour trouver une issue à la crise du Zimbabwe Les chefs d'Etat et de gouvernement d'Afrique australe, réunis ce week-end à Johannesburg, se sont engagés de front pour la conclusion pendant le sommet d'un accord de gouvernement d'unité nationale au Zimbabwe. «Ce Sommet nous offre l'opportunité d'aider les parties (dans les pourparlers) au Zimbabwe à conclure leurs négociations», a déclaré le président sud-africain Thabo Mbeki, médiateur de la Communauté de développement d'Afrique australe (Sadc) dans la crise au Zimbabwe, lors de la cérémonie d'ouverture. Le pouvoir et l'opposition pourraient ainsi «commencer un travail commun vers la réconciliation nationale, la reconstruction et le développement du Zimbabwe, afin de sortir la vaste majorité de la population de la terrible situation dans laquelle elle se trouve», a poursuivi M.Mbeki devant ses pairs. Les protagonistes dans les pourparlers - le président Robert Mugabe et les opposants Morgan Tsvangirai et Arthur Mutambara - étaient présents dans la salle, les deux derniers à titre d'observateurs invités. Le Zimbabwe est englué dans une crise sans précédent née de la défaite du régime de Harare aux élections générales du 29 mars, puis de la réélection fin juin du président Robert Mugabe, 84 ans dont 28 au pouvoir, lors d'un scrutin entaché de violences. La Sadc «ne peut pas se permettre de tourner le dos» à une crise qui menace la stabilité de la région tout entière, avait souligné la veille la ministre sud-africaine des Affaires étrangères Nkosazana Dlamini-Zuma. Signe du froid envers le régime, l'entrée des dirigeants dans la salle de cérémonie n'a suscité aucune réaction. Le contraste était saisissant avec l'ovation qui avait accueilli le président Mugabe lors du précédent Sommet ordinaire de la Sadc, il y a un an en Zambie. Le chef de la diplomatie zambienne Kabinga Pande, qui s'exprimait au nom de son président hospitalisé, a dénoncé devant l'assemblée l'atteinte portée à «l'intégrité» de la région par le détournement du processus électoral au Zimbabwe. Et le chef de l'Etat botswanais, Ian Khama, a boycotté le Sommet en raison de la présence de M.Mugabe, dont il conteste la légitimité. Dès vendredi, la troïka de politique et de sécurité, saisie des questions liées à la stabilité régionale, a reçu un par un les trois protagonistes. L'organe, composé de l'Angola, du Swaziland et de la Tanzanie, veut qu'un accord soit signé «pendant la durée du Sommet», a indiqué un ministre des Affaires étrangères présent à cette réunion. Après la cérémonie d'ouverture, M.Tsvangirai et son principal négociateur, le secrétaire général du Mouvement pour le changement démocratique (MDC) Tendai Biti, ont rejoint pour un entretien le président angolais José Eduardo Dos Santos. Selon des sources concordantes non zimbabwéennes proches des négociations, les points de litige portent sur la répartition de certaines compétences au sein de l'Exécutif, la durée d'un gouvernement de transition et la nature des réformes constitutionnelles et électorales à engager. Le parti au pouvoir, l'Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (Zanu-PF), veut que M.Mugabe, qui conserverait la présidence, garde la prérogative des nominations au sein d'un gouvernement d'union. Ce que le MDC refuse. Les deux parties s'opposent également sur la durée de la transition, la Zanu-PF affirmant qu'il est impossible de fixer un délai pour une réforme de fond de la Constitution ouvrant la voie à de nouvelles élections. Enfin, le MDC veut un engagement sur la convocation d'un nouveau scrutin dans les 90 jours suivant une éventuelle rupture d'une coalition. Pour le chef de l'Etat sud-africain, déjà fragilisé en politique intérieure, l'enjeu porte également sur sa crédibilité internationale. Son approche jugée trop conciliante vis-à-vis de M.Mugabe lui vaut la méfiance de nombre de partenaires.