Les Israéliens ont peur! En tournant le dos à la paix que leur offraient les Palestiniens, ils auront gaspillé une occasion historique de restaurer la paix entre les deux peuples. Israël sur le pied de guerre. Une véritable psychose d'attentats s'est emparée des Israéliens qui ne savent plus par quel bout prendre l'Intifadha palestinienne. Juste retour des choses. Les Israéliens, qui ont bénéficié durant sept années des retombées positives du processus de paix dans le cadre des accords intérimaires d'Oslo, redécouvrent, à leurs dépens, l'insécurité et les dangers de la guerre. Les années de paix relative auraient dû inciter les dirigeants israéliens à consolider le processus engagé avec les Palestiniens et à tenir leurs engagements de redéploiement sur le terrain. Or, il n'en fut rien, plus grave, le fondement des accords de paix, la terre contre la paix, a été progressivement remis en cause par les dirigeants israéliens qui voulaient la paix, sans céder la terre, tout en procédant à un morcellement inqualifiable des territoires occupés. De fait, durant cette période de «paix» le nombre des colonies juives en Cisjordanie a plus que doublé, les Israéliens mettant ainsi à profit cette étape du processus de paix pour renforcer leur présence dans les territoires occupés. Ce procédé peut être analysé de toutes les manières, sauf celle d'une recherche sincère de parvenir à un consensus établissant une paix définitive avec les Palestiniens. Le résultat est que depuis le 28 septembre 2000 - profanation de l'Esplanade des mosquées à El-Qods-Est, par Ariel Sharon - la situation au Proche-Orient est revenue au niveau qui était le sien avant la première Intifadha de décembre 1987. Aujourd'hui, les Israéliens ont peur. Les attentats-suicide des kamikazes palestiniens se poursuivent et se multiplient, pouvant même intervenir à tout moment. L'armée et la police israéliennes sont sur le pied de guerre tentant de prévenir d'autres actions de la résistance palestinienne. Aussi, le climat en Israël devient de plus en plus irrespirable, et de moins en moins d'Israéliens font confiance à l'action du Premier ministre de droite. De fait, une écrasante majorité d'Israéliens - 70% selon un sondage publié hier à Tel-Aviv - ne croit pas qu'Ariel Sharon parviendra à maîtriser l'Intifadha. En dépit de l'énorme puissance de son armée et de sa police, le gouvernement israélien n'arrive pas à rétablir la sécurité pour les Israéliens. Sécurité, qui reste le credo de tous les gouvernants israéliens depuis plus de 50 ans. La force a, depuis longtemps, montré ses limites, mais aveugle comme il est, Sharon croit toujours qu'il lui suffit de lancer son aviation, ses chars et ses blindés, contre un peuple désarmé, pour venir à bout de sa résistance. Mais faut-il encore relever que c'est singulièrement le laxisme américain qui donne encore des illusions au gouvernement israélien qu'il peut conclure le contentieux proche-oriental à sa seule convenance. Si c'était possible, cela se serait fait en 1949 ou en 1956, en 1967 ou en 1973. En vain, la force et la puissance israéliennes n'ont pas pu réduire la résistance palestinienne. La seule fois où les choses ont réellement avancé, c'est lorsque le gouvernement israélien s'est engagé à Oslo avec les Palestiniens, ce qui a permis d'espérer voir la sortie du tunnel. Aussi, c'est l'irrédentisme israélien qui a mis à mal le processus de paix et les conditions de son établissement à long terme entre les deux communautés arabe et juive. Les prétentions d'Ariel Sharon à remettre en cause les acquis du processus de paix auront aussi contribué à relancer la violence entre les deux peuples. Nonobstant les dangers que fait courir la persistance de la violence au Proche-Orient à la stabilité de toute la région, les Etats-Unis, en s'opposant à l'envoi d'une force d'interposition internationale d'une part, à la prise en charge du dossier par le Conseil de sécurité d'autre part, s'obstinent ainsi à s'en remettre à la seule initiative d'une des deux parties belligérantes - Israël - pour trouver une issue au contentieux. Cette position demeure peu productive, et s'assimile singulièrement à une protection sans nuance d'un Etat qui a érigé le terrorisme d'Etat en arme politique. L'utilisation disproportionnée par l'Etat hébreu des armes de guerre contre une population désarmée, le bouclage des territoires occupés depuis juillet 2000, la violation continue par l'armée israélienne des zones autonomes palestiniennes, sont autant de raisons qui militent pour une intervention urgente de la communauté internationale au Proche-Orient. Il est prévu une réunion du Conseil de sécurité lundi prochain sur la question du Proche-Orient, les représentants de la communauté internationale assumeront-ils à cette occasion leur responsabilité, ou encore une fois laisseront-ils faire la raison du plus fort?