Le roi Abdallah II de Jordanie s'est engagé à des réformes menant à la formation d'un gouvernement basé sur une majorité parlementaire mais l'opposition islamique, ne voit dans son discours que des vagues promesses. «Il n´y avait rien de neuf dans le discours. Le roi a exprimé des espoirs Comme nous l´avons déjà entendu plusieurs fois dans le passé. Mais il n´a pas précisé les modalités d´applications et rien ne garantit que ces idées verront le jour», a déclaré hier Zaki Bani Rsheid, chef du bureau politique du puissant Front de l´action islamique (FAI) La veille, dans son premier discours télévisé depuis le déclenchement d´un mouvement de protestation en Jordanie à la mi-janvier, Abdallah II a affirmé qu´une nouvelle loi électorale permettra «un processus électoral équitable (...) qui mènera à la formation de gouvernements basés sur une majorité parlementaire». L´opposition, notamment islamique, réclame que les gouvernements en Jordanie soient formés par le chef du parti ayant obtenu une majorité au Parlement, au lieu d´être désignés par le roi comme le stipule la Constitution. «Quelle garantie avons-nous que ces annonces seront cette fois-ci mises en oeuvre?», a ajouté M.Bani Rsheid. «La Jordanie a besoin d´une feuille de route établissant clairement des étapes et un calendrier pour les changements démocratiques», a-t-il dit. Une commission de dialogue national, formée à la suite des protestations, a proposé une nouvelle loi électorale et des partis politiques. Ces amendements, ont été critiqués tant par les islamistes que par les groupes conservateurs, qui ont considéré qu´ils ne permettraient pas une représentation équitable. «Le roi s´est engagé sur la base de ces nouvelles lois, signifiant aussi bien aux islamistes qu´aux conservateurs que la commission ne modifiera pas ses propositions, malgré leurs réserves», a estimé l´analyste Labib Kamhawi. «Le roi a été faible et vague sur les questions essentielles telles la corruption, la liberté d´expression et surtout sur le mécanisme pour la formation d´un gouvernement issu d´une majorité parlementaire», a ajouté M.Kamhawi, membre fondateur du Front National pour la réforme (FNR), un regroupement des partis d´opposition et des syndicats, nouvellement créé. Le roi a dénoncé dans son discours «les diktats de la rue et l´absence de la voix de la raison», en référence au mouvement de protestation, soulignant que «personne en Jordanie n´a le monopole des réformes ou de leur promotion». Il a appelé à «faire la différence entre les changements démocratiques réalisables et les risques de chaos et de zizanie». Le responsable du FAI a pour sa part estimé que le roi «n´a pas évoqué la lutte contre la corruption d´une manière satisfaisante». «Les mesures contre la corruption sont loin d´être efficaces, rien ne montre une volonté réelle de l´Etat de combattre la corruption, et le scandale Chahinegate n´est toujours pas réglé», a-t-il ajouté. La disparition d´un influent homme d´affaires Khaled Chahine, condamné à trois ans de prison dans une affaire de corruption, portant sur un montant de 2,1 milliards de dollars, a soulevé un tollé dans le pays, menant à la démission de deux ministres. Le roi s´est dit engagé dans la lutte contre la corruption tout en dénonçant une approche «basée sur les rumeurs et les potins». Il a critiqué «la détérioration de la presse», celle qui «encourage la haine», affirmant vouloir «une presse qui rapporte le message de liberté et de réformes et qui met l´accent sur les réalisations de notre pays».