La manifestation «Tlem- cen, capitale de la culture islamique 2011» aura eu, entre autres mérites, celui de voir Constantine, cette ville qui l´aimait bien, accueillir de nouveau dans son vieux théâtre, le grand disparu des planches algériennes, Abdelkader Alloula, 16 ans après son assassinat. Le public, qui assiste, depuis quelques jours, à la générale d´El Ajouad, l´une des pièces phares du défunt dramaturge, reprise par le Théâtre régional de Constantine (TRC) dans le cadre du volet théâtre de la manifestation «Tlemcen capitale de la culture islamique 2011», a reçu le spectacle comme un retour de son illustre auteur. La version du TRC, signée Mohamed-Tayeb Dehimi, a su préserver toute la puissance d´évocation de l´esprit et du souffle de Alloula. Son esprit y est demeuré si présent, si palpable, que beaucoup de spectateurs parmi ceux qui ont eu l´occasion d´assister, plus de vingt ans auparavant, à la présentation de sa version originale, sur cette même scène du TRC et en présence de son auteur, ont eu la troublante impression que le défunt dramaturge allait surgir de derrière le rideau, drapé de son burnous, comme ce jour-là, et saluer le public. Mohamed Tayeb-Dehimi, le metteur en scène de la version TRC 2011 d´El Ajouad, a pourtant tout fait pour donner un nouvel habillage à cette pièce dont il dit avoir adopté le texte et non pas la vision de son auteur en matière de mise en scène. Avec une scénographie du talentueux Aïssa Redaf, le scénographe attitré du TRC, Dehimi a réussi, selon certains avis, à actualiser cette pièce, qui a, aujourd´hui, plus d´un quart de siècle d´âge, et à en réduire la durée de près de la moitié (1 heure 50 de spectacle au lieu des 3 heures originelles) sans altérer ni l´âme, ni l´esprit du texte. D´autres avis estiment toutefois, que la nouvelle mise en scène et le nouvel habillage de la pièce importent moins que ce qu´elle a apporté sur d´autres plans comme d´avoir osé s´attaquer à une citadelle nommée Alloula avec les moyens du bord et sans tomber dans le populisme de mauvais goût. Un travail qui a su, dans les conditions de marasme du théâtre algérien, aujourd´hui, franchir le pas pour une reprise de cette pièce si marquée du sceau de son auteur. D´ailleurs, le remake de cette pièce, confié au théâtre de Constantine par le commissariat de la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011», a été précédé par des «remous» et des appréhensions qui ont failli compromettre sa sortie.