Les patients se retrouvent otages du conflit Le blocage de la situation est le résultat de l'entêtement des deux parties... Indignez-vous, ce titre du célèbre livre de Stéphane Hessel, semble être idéal pour qualifier la situation dans laquelle baignent les «sciences médicales» en Algérie. Hôpitaux désertés, blocs opératoires à l´arrêt, médecine clochardisée, résidents tabassés, médecins en post-graduation de...syndicalisme, voilà les états généraux de la santé algérienne. Ce constat alarmant n´est pas fait par le Cnes, mais par un bon nombre de malades qui se retrouvent malgré eux, otages d´un conflit qui ne dit pas son nom. «On en a marre!», s´indigne Amine, un patient rencontré à l´hôpital Mustapha-Pacha d´Alger et à qui on avait, une énième fois, reporté son rendez-vous médical. «C´est tout le temps la même chose, on avait dit barakat avec Saïd Barkat, malheureusement c´est le même constat avec son successeur», dénonce-t-il. «Où se situe donc le problème? Les médecins? Leur tutelle?», s´interroge-t-il. Pour lui, il est temps de mettre fin à cette mascarade qui a duré un peu trop longtemps. «Il est temps de lancer une vraie réforme pour notre système de santé. Pour le bien de tous, il faut valoriser les médecins à leur juste valeur, mais en contrepartie, ils doivent également faire quelques efforts. Car on ne peut pas tout régler du jour au lendemain», clame-t-il. D´autres citoyens voient, par contre, les choses autrement. «Il ne faut pas voir le verre à moitié vide, mais à moitié plein», dit, pour sa part, Ammi Farid. «On passe notre temps à se plaindre, mais il ne faut pas oublier qu´on fait partie des rares pays où on se soigne gratuitement. Certes, il y a des choses à améliorer, mais il faut laisser du temps pour que les réformes se mettent en place», ajoute-t-il. «Il faut arrêter les frais tant qu´il est encore temps. Je ne dis pas cela uniquement au ministère ou aux médecins, mais surtout aux citoyens comme moi. Il faut que nous soyons compréhensifs et qu´on soutienne les médecins qui sauvent nos vies», assure-t-il. «Mais en même temps, les résidents doivent, à leur tour, faire des efforts pour le bien de tous», dit-il. «Accepter ce qu´on vous donne, et par la suite continuer à militer. N´est-ce pas cela la base du syndicalisme? Le militantisme ne se termine jamais...», préconise-t-il. Ces appels de détresse des citoyens nous renseignent un peu plus sur l´état de santé du système sanitaire algérien. Ainsi, les semaines se suivent et se ressemblent pour les médecins résidents algériens... Au lieu de soigner les malades, ils se retrouvent à squatter les trottoirs. Ce qui nous pousse à nous interroger de quoi sera fait leur avenir, mais surtout l´avenir de notre médecine. D´autant plus que ces mêmes résidents on fait part de leur souhait de démissionner collectivement. La réponse, seul l´avenir nous le dira, mais une chose est sûre, les répercussions de ce blocage se feront ressentir à l´avenir. En parlant de blocage, qui est derrière? Le ministre de la Santé, celui de l´Enseignement supérieur, les résidents, ou une partie obscure qui veut que la situation aille vers le pourrissement? Ils ont tous une part de responsabilité. Tout d´abord, le ministre de la Santé qui, en voulant trop bien faire, n´a fait qu´empirer la situation. Mais heureusement, il s´est rattrapé au dernier moment en mettant en place le nouveau statut du médecin résident, qui faut-il le rappeler devrait être promulgué à la fin du mois. Et alors pourquoi les résidents ne l´acceptent pas? En fait, ils veulent tout obtenir d´un seul coup, c´est-à-dire le statut, la revendication pédagogique et surtout l´abrogation du service civil. Et c´est sur ce dernier point que les négociations capotent. «Nous n´arrêterons la grève que lorsque l´obligation du service civil sera annulée», ne cessent de répéter les délégués du collectif autonome des médecins résidents algériens. Malheureusement, cette «abolition», n´est pas aussi facile que cela. «L´annulation du service civil ne dépend pas de moi», affirme, à chacune de ses sorties, Ould Abbès. Il faut donc rendre à César ce qui appartient à César. Ould Abbès, malgré tout ce qu´on peut lui reprocher, ce point-là ne dépend effectivement pas de lui. Le ministre de la Santé n´a pas le pouvoir d´annuler un décret présidentiel. Alors quoi faire? Lancer, comme le proposent certains, un débat national sur cette question et pourquoi pas demander au peuple, qui est le premier concerné pour statuer sur cette question? Et Harraoubia dans tout cela? Pourquoi se focalise-t-on sur son collègue Ould Abbès, alors que c´est lui et son lieutenant le doyen, M. Adarada, qui n´ont pas encore réglé les doléances pédagogiques des résidents. Ce dilemme et cette focalisation sur le ministre de la Santé, poussent à s´interroger sur l´existence de la 4e partie dite obscure... L´été risque donc d´être chaud pour les parties concernées, à moins que le pompier Ouyahia, ne mette son grain de sel et réussisse, comme il a toujours fait dans ce genre de situation, à trouver un compromis. En attendant, on ne peut souhaiter qu´une chose: que Dieu préserve notre santé ou tout au pire celle des médecins privés...