En marge des activités de la sixième semaine anticoloniale qui se sont ouvertes vendredi à Paris, Le prix "Frantz Fanon" a été remis à l'écrivain et militant des droits de l'homme Stéphane Hessel. Cette distinction a été remise aujourd'hui au philosophe par la Fondation Frantz Fanon, partenaire de la Semaine Anticoloniale, conjointement avec l'association "Sortir du Colonialisme", initiatrice de la manifestation. Pour les organisateurs, ce Prix Frantz Fanon valorise, à cet égard, "l'action d'un anticolonialiste exemplaire". Ce prix sera remis à Stéphane Hessel non seulement pour "l'action anticoloniale qu'il a menée en faveur de la reconnaissance de l'Etat palestinien et de la paix dans cette région mais aussi pour l'ensemble de son action, de la résistance aux combats d'aujourd'hui, qui est l'illustration même des valeurs de l'anticolonialisme dans lesquelles se reconnaissait Frantz Fanon", ont-ils indiqué. Stéphane Frédéric Hessel, né le 20 octobre 1917 à Berlin, est un diplomate et militant politique français. Combattant de la France libre pendant la Seconde Guerre mondiale, puis déporté à Buchenwald, il a été le secrétaire de la Commission ayant élaboré à l'ONU la Déclaration universelle des droits de l'homme. C'est également un écrivain et poète. En août 2006, Stéphane Hessel signe un appel contre les frappes israéliennes au Liban, paru dans Libération et L'Humanité. Le 5 janvier 2009, Stéphane Hessel déclare à propos de l'offensive israélienne dans la bande de Gaza : " En réalité, le mot qui s'applique - qui devrait s'appliquer - est celui de crime de guerre et même de crime contre l'humanité. Mais il faut prononcer ce mot avec précaution, surtout lorsqu'on est à Genève, le lieu où siège un haut commissaire pour les droits de l'homme, qui peut avoir là-dessus une opinion importante. Pour ma part, ayant été à Gaza, ayant vu les camps de réfugiés avec des milliers d'enfants, la façon dont ils sont bombardés m'apparaît comme un véritable crime contre l'humanité. " Le 30 décembre 2009, Stéphane Hessel cite Israël dans une liste d'Etats " tyranniques ", parmi la Chine, la Russie et l'Iran, avec lesquels le commerce ne doit pas primer sur les droits de l'Homme. Le 15 juin 2010, il appelle à participer au mouvement de boycott, désinvestissement et sanctions contre Israël, soulevant l'indignation du Bureau National de Vigilance contre l'Antisémitisme qui porte plainte pour " provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence ". En octobre 2010, Pierre-André Taguieff, paraphrasant Voltaire, écrit sur son mur facebook " Un soir au fond du Sahel, un serpent piqua le vieil Hessel, que croyez-vous qu'il arriva, ce fut le serpent qui creva ", puis supprime le commentaire quelques heures plus tard. Le ton des propos tenus par Taguieff entraîne une polémique publique, au cours de laquelle le politologue développe ses reproches envers Hessel et contre les positions jugées " extrémistes " de ce dernier à l'égard d'Israël. En 2010, le livre de Stéphane Hessel, Indignez-vous !, devient un phénomène littéraire et un succès d'édition avec un tirage record de 950 000 exemplaires à la mi-janvier 2011. Stéphane Hessel y explique que la situation en Palestine est pour lui sa " principale indignation " dans le monde. R.C.