Luis Moreno-Ocampo veut juger El Gueddafi. Le procureur Luis Moreno-Ocampo avait, le 16 mai, demandé aux juges de lancer des mandats d'arrêt contre le colonel El Gueddafi, son fils Seif Al-Islam et le chef des services de renseignements libyens Abdallah Al-Senoussi. La Cour pénale internationale dira demain si elle délivre ou non un mandat d´arrêt pour crimes contre l´humanité contre le colonel Mouamar El Gueddafi, qui pourrait devenir le second chef d´Etat poursuivi par la CPI, après le président soudanais Omar El Bechir. La juge Sanji Mmasenono Monageng rendra la décision de la chambre préliminaire lors d´une audience publique à La Haye, à 13h00 (11h00 GMT), qui devrait durer une heure environ. Le procureur Luis Moreno-Ocampo avait, le 16 mai, demandé aux juges de lancer des mandats d´arrêt contre le colonel El Gueddafi, son fils Seif Al-Islam et le chef des services de renseignements libyens Abdallah Al-Senoussi. Les trois hommes sont accusés par le procureur de meurtres et de persécutions constitutifs de crimes contre l´humanité commis par les forces de sécurité libyennes sur la population civile depuis le 15 février, notamment à Tripoli, Benghazi et Misrata. La révolte en Libye a fait des milliers de morts, selon le procureur de la CPI, et poussé près de 750.000 personnes à fuir, selon l´ONU. «Les preuves démontrent que El Gueddafi a conçu un plan pour réprimer les manifestations populaires de février par tous les moyens, dont l´utilisation de violence extrême et meurtrière», souligne le procureur dans sa requête. «Les forces de sécurité ont mené une politique généralisée et systématique d´attaques contre des civils perçus comme des dissidents dans le but de maintenir le pouvoir d´El Gueddafi», poursuit le texte. Mouamar El Gueddafi, 69 ans, est considéré par le procureur comme «auteur indirect» des crimes, son fils Seif al-Islam, 39 ans, «Premier ministre de facto», comme «co-auteur indirect», de même qu´Abdallah Al-Sanoussi, 62 ans, «bras droit» et beau-frère du colonel. Saisi par le Conseil de sécurité des Nations unies le 26 février, soit deux semaines seulement après l´éclatement de la révolte en Libye, le procureur avait ouvert son enquête le 3 mars. Un seul chef d´Etat en exercice, le président soudanais Omar El Bechir, fait jusqu´ici l´objet d´un mandat d´arrêt de la CPI, lancé en mars 2008. Recherché pour génocide, crimes contre l´humanité et crimes de guerre au Darfour, M.Bechir ne reconnaît pas la compétence de la CPI, qu´il défie régulièrement. Le colonel El Gueddafi avait affirmé mercredi soir être «dos au mur», qu´il ne craignait pas la mort et que la bataille contre l´Occident «croisé» se poursuivrait «jusqu´à l´Au-delà», dans un message diffusé par la télévision libyenne, alors que se poursuivent les raids de l´Otan sur son pays. M.El Gueddafi pourrait «être arrêté par les siens, par des personnes du régime» ou par le Conseil national de transition, l´instance dirigeante de la rébellion libyenne, avait estimé M.Moreno-Ocampo dans un entretien à un journal espagnol le 19 juin. Le dirigeant libyen conteste, selon le procureur, la résolution de l´ONU qui donne compétence à la CPI en Libye, pays qui n´a pas ratifié le Statut de Rome, traité fondateur de la Cour.