Qui a bien pu placer les devises à blanchir sous le siège des WC? Le 31 octobre 2010, la police judiciaire d'Alger a eu vent de la présence d'un sachet suspect dans l'avion d'Air Algérie effectuant le vol Alger-Dubaï (Emirats arabes unis). Un avion qui ne décollera jamais ce 31 octobre... L'enquête est vite diligentée. Effectivement, le sachet est découvert. Trois enveloppes postales contenant des devises, euros et dollars. La découverte avait été faite sous le siège des WC de l'avion et ce, sur le côté gauche du siège. Les douaniers confisquent sur place les billets. La suspicion puis la conviction nées d'un interrogatoire serré, donneront que le technicien chargé de l'entretien, Nasseredine F. est le responsable de la «cachotterie». Athmane K. commerçant est à son tour désigné comme complice tout comme le pilote Aïssa L., un pilote qui ne se relèvera plus depuis et ce, jusqu'au prononcé du verdict, la semaine dernière... Avec le pilote, un second commerçant Radhouane. L. C'est la débandade, car il est apparu de nombreuses opérations de change illicites. Hassan.Y. est le cinquième inculpé de complicité, d'atteinte à la loi sur la monnaie. Et donc, on va sur l'association de malfaiteurs et le blanchiment d'argent avec des entrées et sorties des devise depuis et vers l'étranger. Les articles 1, 2 et 3 de l'ordonnance 03-10 relative à la répression de l'infraction à la monnaie ainsi que les articles 5, 15 de l'ordonnance 05-06 relative aux fuites de capitaux se sont joints aux articles 176, 177/3-389 bis, 389 alinéa II bis du Code pénal pour juger des employés qui crieront leur douleur et ce, durant huit long mois. Nier, nier, nier, tel est le mot d'ordre des inculpés dont Aïssa L., qui a déclaré avoir connu Athmane K. à Dubaï, moins d'une année pour se mettre d'accord sur le commerce de portables de luxe. Point par point, Kamel Sidi Moussa, le président de la section correctionnelle du tribunal de Sidi M'hamed, Alger, avance dans l'étroit «territoire» de la vérité concernant le pauvre Aïssa L...le pilote poursuivi pour avoir caché avec la complicité de quatre autres gus des liasses. Solidement assisté du collectif d'avocats, le détenu répond sans crainte ni haine. Il semble résigné face à son sort. Il sait ce qu'il doit répondre au juge dont la réputation d'intégrité et de sévérité a dépassé les rues Abane Ramdane et de la Liberté. Bien assis dans le confortable siège du ministère public. Le jeune procureur brun et massif, Mohammed Touidjini, fera du bon boulot pour le pôle, cette juridiction chargée de rendre justice pour ce mi-crime, mi-délit, mais des poursuites solides, selon l'arrêt de renvoi. Un à un, les cinq inculpés seront pressés par le juge qui fait preuve d'une étonnante maîtrise du dossier, car ses questions ne souffrent d'aucune équivoque. Il est vrai que les cinq inculpés s'expriment dans toutes les langues sauf l'arabe classique, ce qui a facilité le procès qui plane sur l'association de malfaiteurs, un délit que Maître Nacéra Ouali, Maître Abbas, Maître Halim Ouezaâ, Maître Djamel Fodil et Maître Lamouri vont tenter de mettre en pièces. Oui, tenter car les demandes de Touidjini seront acceptées au... sixième (trois ans d'emprisonnement ferme pour quatre inculpés et une seule relaxe, sur les 20 ans requis par un jeune procureur motivé et qui plus est, a bien étudié son dossier. Ayant écopé de 3 ans d'emprisonnement, de 2 ans (et Yahi relaxé), les Aïssa. L., Yahi H, Nasseredine F., Athmane K., et Redhouane L., ont, par la bouche de leurs conseils, décidé d'interjeter appel et ce ne sera pas joué au pôle du Palais de justice. Ce qu'il faudrait, ce sont les brillantes interventions de Maître Ouali Nacéra Tinedeghar, Maître Ouezaâ ou encore Maître Abbas, qui avaient fait corps, avec ce duo d'acier de Maître Fodil et Maître Lamouri dont la voix seule avait causé des nuisances côté Touidjini, le procureur. Tour à tour, les avocats des cinq inculpés auront tout tenté pour convaincre le président du refus net de la défense de fléchir devant un tel dossier où le sombre, le noir, le brouillard, la brume planent au dépens de l'esprit de justice. Tout comme Maître Benouadah Lamouri, les quatre plaideurs ont voulu tirer la couverture du côté des procédures nées de la question: «Qui a bien pu placer les euros dans l'avion?» Pour la police judiciaire, le parquet, son boss, il n'y a aucun doute, les cinq sont mouillés jusqu'au...coup de...gong. Les avocats de Aïssa L., Athmane K., mettront l'accent sur les relations de commerce légal autour de portables. «Quant aux autres inculpés, Aïssa les connaît, car ce sont ses collègues de travail», s'était écrié Maître Lamouri qui a labouré la cervelle de Sidi Moussa, le juge très tolérant, mais ligoté par l'ordonnance de renvoi. Et dans ce cas, chaque défenseur a tiré à soi la couverture jusqu'à l'essoufflement, surtout que l'instruction avait été confiée à Abderazak Bensalem connu pour son sérieux tout comme son collègue et voisin de palier Bachir Fredj qui n'est pas né de la dernière pluie. Et l'instruction a «pondu» beaucoup de concordances entre les inculpés avec cette précision qui verra F. Nasseredine avoir en mains un billet sur Dubaï. Puis le phone allait jouer le coup d'estoc car une info avait été donnée comme quoi, il fallait dévisser le siège des toilettes pour s'emparer du sachet de la catastrophe. Le vol avait été annulé. Les interpellations pleuvront. Le procès est fixé. Les avocats se concerteront en vue de démolir les interpellations que rejettent les cinq inculpés, surtout Aïssa.L., le pilote, qui n'a pas pu supporter ce qui lui arrive à un tournant de sa carrière et des éclaboussures créées autour et dans la famille. Quant à Redouane.K., son avocat Maître Djamel Fodil a protesté, car l'inculpé ne réside pas en Algérie. «On a dit Redouane. On a ramassé K. mon client. Même la confrontation a permis de disculper Redouane K.», a dit le défenseur.