La FAF doit se garder de tomber dans le piège de la quantité. En décidant de maintenir la division 1 à 16 clubs lors de la saison 2004-2005, la fédération algérienne de football a opté pour la voie de la raison. Il est certain que ce choix n'a pas dû plaire à de nombreux acteurs de la discipline beaucoup plus portés sur leurs propres intérêts et ceux de leurs clubs que sur les perspectives d'avenir du football algérien et sur les moyens à mettre en oeuvre pour le redresser. Ces acteurs avaient misé sur des largesses de la fédération dont la rumeur avait prétendu qu'elle allait porter la division 1 à 18 clubs. Cependant on aurait aimé que la FAF nous sorte un argument de poids pour expliquer sa décision et non pas la raison qu'elle nous a donnée dans le communiqué sanctionnant la dernière réunion du bureau fédéral. En effet, si l'on s'en tient aux termes de ce communiqué, la décision de maintenir la division 1 à 16 clubs «est dictée par un calendrier international particulièrement chargé». Cela laisse supposer que s'il n'y avait pas eu de «calendrier international particulièrement chargé» on aurait pu s'attendre à voir la FAF céder sur la question du nombre de clubs pour le porter à 18 à compter de la saison 2004-2005. Il y a quelques jours nous avions évoqué l'exemple des Tunisiens qui venaient de décider de faire «un saut dans la qualité» en augmentant de deux unités leur division 1 à compter de la saison 2004-2005. Seulement, chez eux cette division ne comporte en ce moment que 12 clubs. Leur championnat de l'élite était lui aussi composé d'un effectif de 16 clubs mais face aux déboires de leur football et ceux de leur équipe nationale, ils avaient accompli une révolution en réduisant à 12 clubs cette compétition. C'est-à-dire qu'ils avaient écrémé leur discipline en ne conservant au sommet de sa pyramide que les meilleurs de leurs clubs, ceux qui se sont soumis à un cahier des charges des plus rigoureux qui leur imposait, entre autres, d'engager en plus de leur équipe seniors, deux équipes juniors, deux équipes cadettes, deux équipes minimes et deux équipes d'école. Des équipes de jeunes qui doivent, impérativement, être dotées d'un terrain gazonné pour leurs compétitions officielles. On a vu où les a menés cette politique qui a permis à leur équipe nationale de disputer les deux dernières coupes du monde. Apparemment la qualité n'est pas la priorité de ceux qui gèrent le football algérien en ce moment. A cause d'un «calendrier international particulièrement chargé» ils ont remis à plus tard leur projet de porter la division 1 à 18 clubs. Erreur que tout cela parce que même sans compétitions internationales, notre championnat national est voué à traîner en longueur. Cela à cause des caprices des dirigeants de clubs qui ne savent jamais ce qu'ils veulent, qui vous critiquent le fait qu'il y ait trop de périodes de repos et qui stigmatisent le fait que l'on joue deux fois par semaine. Le salut de la discipline passe, forcément, par une remise en cause de la manière dont sont gérés nos clubs. Une opération de «nettoyage» est nécessaire en vue de renvoyer du système ceux qui ne sont venus que pour se faire un nom, ceux qui ont sali la réputation de notre football par de viles pratiques de corruption(Georges Leekens nous avait avoué avoir été effaré par de tels agissements, par la facilité avec laquelle ils étaient mis en pratique et par l'absence de réaction des autorités civiles et celles du football) et qui évitent de passer par des AG-bilans en bonne et due forme c'est-à-dire des AG où tous les comptes sont épluchés et où les questions sur l'opportunité des dépenses sont réellement, débattues. Si la FAF veut réussir dans son entreprise de redressement de la discipline elle devra privilégier la qualité. Cela implique de sa part de l'audace envers des clubs qui ne savent plus ce que le terme rigueur veut dire. Imposer un cahier des charges est devenu une nécessité mais, plus que cela, il faudra éviter de tomber dans le piège d'une division 1 à 18 clubs qui équivaut à reculer plutôt qu'à avancer. Le populisme ne mène à rien et un sérieux tour de vis ne fera, certainement, aucun mal à la discipline.