Une scène du film Zabana 25 scénarios de longs métrages ont été déposés au niveau du ministère des Moudjahidine pour étude et aide au financement. A l'approche du 50e anniversaire de l'Indépendance le 5 juillet 2011, les ministères des Moudjahidine, de la Culture la Télévision nationale s'apprêtent à lancer le plus grand appel d'offres pour la réalisation de productions audiovisuelles et cinématographiques sur la Révolution et surtout sur l'Indépendance, que l'Algérie ait lancé depuis Boumediene. Pas moins de sept projets cinéma sont déjà déposés au niveau du ministère des Moudjahidine. Deux films ont déjà entamé leur tournage depuis quelques mois: Zabana réalisé par Saïd Ould Khelifa et Point de départ du réalisateur Ahmed Rachedi sur le déclenchement du 1er Novembre, alors que cinq projets dont un sur Le Colonel Lotfi, produit et écrit par Bakhouche, l'auteur et producteur de Benboulaïd. Un film devait être réalisé par Djaâfar Gassem l'auteur de Djemaï Family, mais le producteur et le jeune réalisateur ne se sont pas entendus. Enfin, trois projets sont en stand-by Bouguerra qui sera réalisé par Amar Mohsen et Larbi Ben M'hidi, dont le scénario a été écrit par Mourad Bourboune et produit par Bachir Derais et Krim Belkacem, produit et réalisé par Ahmed Rachedi. Contrairement aux films réalisés dans le passé, les auteurs et les réalisateurs algériens ne s'intéressent pas aux événements ou aux dates historiques de la Révolution, mais aux héros de l'Algérie combattante. C'est le film Benboulaïd, qui a ouvert le bal des hommages. Pour certains spécialistes comme Boukhalfa Amazit, conseiller pour les films sur la Révolution d'Ahmed Rachedi: «Les parcours des héros de la Révolution ont une histoire déjà bien tracée, un scénario prêt, il suffit de le mettre en image». Mais le parcours de certains révolutionnaires est difficile à illustrer en image, affirme une source au niveau du ministère des Moudjahidine, c'est le cas de Abane Ramdane, qui a été assassiné au Maroc, ou encore Krim Belkacem qui a été assassiné après l'Indépendance en exil. Les révolutionnaires qui ont une fin héroïque sont les plus visés par les producteurs et les scénaristes, c'est le cas de Benboulaïd, assassiné par une radio piégée, les colonels Lotfi et Bouguerra qui sont morts sur le champ de bataille ou encore Larbi Ben M'hidi, qui a été assassiné par Aussaresses. Le sujet est tellement captivant qu'il existe pas moins de trois projets avec trois genres différents sur le personnage historique: un long métrage cinéma sur la base du scénario de Mourad Boureboune, dont la réalisation sera confiée à un cinéaste anglais ou italien, un documentaire cinéma en phase de finalisation réalisé par le meilleur spécialiste du genre: Malik Aït Aoudia et un feuilleton télé également en préparation, qui sera produit par Samira Hadjilani et dont la réalisation sera confiée à un cinéaste syrien ou jordanien. La productrice a déjà réussi ses preuves en produisant deux feuilletons sur le thème de la révolution, Aïssat Idir et Dakirat El Djassed. Mais il n'y a pas que les héros de la Révolution qui intéressent les producteurs et scénaristes, les premiers révolutionnaires, intéressent en haut lieu les responsables de l'Etat, c'est le cas du projet du film sur l'Emir Abdelkader ou encore le projet sur Mokrani. Le premier est un projet qui est fortement disputé entre trois scénaristes: Boualem Bessaïh, Ben Amar Bakhti (qui a notamment réalisé Cheikh Bouamama) et le jeune cinéaste Amin Kaïs. C'est l'actuel président du Conseil constitutionnel, qui a la cote, puisque son projet a été retenu par la présidence, mais on cherche à le confier à un réalisateur de renom international: plusieurs noms ont circulé: Ridley Scott, Rachid Bouchareb et même le réalisateur syrien Anzour. Mais pour le moment, aucun n'a répondu à la demande de l'Algérie. Plusieurs projets de documentaires sur l'Emir sont proposés au ministère de la Culture, le plus solide demeure le projet soumis par Salem Brahimi, le fils de l'ancien ministère des Affaires étrangères Lakhdar Brahimi, qui s'est illustré par le documentaire sur le Panaf. Enfin, à côté de l'Emir, il y a le projet Mokrani, qui est également très avancé. Il sera réalisé par le cinéaste algérien installé en Italie, Rachid Benhadj. Le film serait produit par Lounavision production, qui est dirigée par un Algérien qui a réussi aux Etats-Unis et qui fait carrière actuellement à Dubaï. C'est le directeur photo de Bernardo Bertolucci dans Le dernier empereur et Thé au Sahara, Vittorio Storaro, qui avait notamment réglé la lumière du film algérien Parfum d'Alger, avec Rachid Benhadj, qui sera le chef opérateur de cette grande fresque où on pense faire jouer Gérard Depardieu, dans le rôle d'un journaliste français à la découverte d'El Mokrani. Mais la révolution, c'est surtout une affaire de gros sous, puisque l'Etat est prêt à mettre des milliards dans ces productions qui remémorent l'histoire de l'Algérie. Et sur ce registre, c'est le ministère des Moudjahidine qui s'est substitué à son rôle habituel, en devenant producteur de cinéma. Un rôle qui était tenu jusque-là par le ministère de la Culture et ses institutions comme l'ARC ou l'Entv, avec des barèmes bien établis. Sans stratégie établie, ni barème, le ministère des Moudjahidine fait monter les enchères et offre des budgets faramineux pour des productions qui ne sont pas sûres de plaire ou du moins à imposer la vérité historique algérienne à l'étranger. Même si, lors d'une émission sur l'Entv, le directeur du patrimoine culturel et historique auprès du ministère des Moudjahidine, M.Brahim Abbas affirme que «personne ne fera de l'argent sur le dos de la guerre de Libération!». M.Abbas, a indiqué que depuis l'annonce du voeu du président Bouteflika de produire des films sur la Révolution, 25 scénarios de longs métrages ont été déposés au niveau du ministère pour étude et aide au financement. Selon d'autres sources, plus de 85 projets entre feuilletons, doc et films, ont été déposés au niveau du ministère des Moudjahidine. Même si le ministère n'est pas un spécialiste du volet artistique, son point de vue sur le volet historique et la reconstitution des faits sont indéniables, c'est sur ce point que l'article 5 de la nouvelle loi sur le cinéma a été imposé. En définitive, la Révolution algérienne sera en 2012, très bien illustrée...