Quarante-neuf ans! C'est l'âge de l'indépendance de l'Algérie que le peuple algérien célèbre aujourd'hui. Sans faste, ni enthousiasme, il faut bien le relever. Une journée parmi celles du vécu des Algériens. Une journée vite passée, vite oubliée. Cela n'est pas surprenant en vérité dès lors qu'il y eut rupture du lien ombilical entre les Algériens et leur moi profond - leur mémoire identitaire - qui fait que, singulièrement, la génération post- indépendance ne se sent pas en osmose avec l'Histoire de sa patrie. Non point du fait qu'ils n'aiment pas leur pays, mais parce qu'ils n'en connaissent rien, plutôt, parce qu'on ne leur a pas enseigné l'Histoire séculaire de ce pays, la Grandeur de l'Algérie. Une Algérie, néantisée dans «l'arabité» dans laquelle le jeune Algérien avait du mal à se reconnaître. Qui sommes-nous, lorsque notre mémoire ne nous livre aucune information fiable sur le passé de l'Algérie, quand «l'arabité» a mis sous tutelle notre algérianité, ignorant son pendant amazigh? Dès lors, peut-on affirmer en 2011 que les raisons pour lesquelles les Algériens se sont révoltés, sont aujourd'hui un fait intégré dans notre mémoire collective, notre identifiant en tant que communauté nationale? C'est dans l'esprit de se réapproprier leur mémoire et, partant, leur identité, que les Algériens ont pris les armes en 1954 contre la France pour faire un sort à leur condition de sous-hommes gérés par le «Code de l'indigénat». Vivre libre par la réappropriation de son identité et de sa mémoire, telle est la signification première du 5 Juillet et l'indépendance de l'Algérie qu'il symbolise. Cependant, 49 ans après cette indépendance, 57 ans après le déclenchement de la Révolution du 1er Novembre, la jeune génération algérienne ne dispose d'aucun repère la situant dans le contexte arabe, régional, africain, car l'Histoire millénaire de son pays, encore moins les épopées qui permirent à l'Algérie d'accéder à la liberté, ne lui furent pas enseignées. Or, durant ces 49 dernières années une chape de plomb s'est abattue sur les faits qui ont donné aux Algériens de recouvrer leur souveraineté. L'Histoire, qui devait enseigner aux Algériens ce qu'ont été les luttes du peuple algérien tout au long des siècles pour conserver son identité, a été silencieuse sur le passé récent et antérieur de l'Algérie annihilant la mémoire des citoyens dont nombreux sont les jeunes qui ne se reconnaissent pas dans leur algérianité. En fait, c'était là l'une des amères réalités de l'indépendance de l'Algérie. L'Algérie, qui pensait avoir recouvré sa souveraineté, s'est retrouvée avec de nouveaux tuteurs. Aussi, loin de restaurer notre identité arabo-berbère, les nouveaux responsables du pays ont mis entre parenthèses tout ce qui n'entrait pas dans le dessein de l'arabisme moyen-oriental imposé au pays. C'est ce défaut d'assumer l'Histoire nationale, riche par ses différences, qui a induit les situations de crise identitaire que l'on tente maladroitement d'escamoter, alors même que la jeunesse algérienne, en plein désarroi, n'arrive pas à savoir qui elle est, d'où elle vient, quel est son futur. La vérité est que les jeunes Algériens n'ont pas de repères sur lesquels s'appuyer pour dire voici ce que je suis, voici ce que sont mes ancêtres, c'est ici que se trouve mon avenir. Cela implique nécessairement une mémoire identitaire, curieusement absente, qui renvoie à l'historicité de ce pays. Or, cette génération post-Indépendance qui n'a pas connu le second collège et le Code de l'indigénat a paradoxalement la nostalgie de la France que tous nos jeunes veulent rejoindre dont nombreux, quoique nés après 1962, se sont fait naturaliser Français. Cela est-il étonnant lorsque de hauts commis de l'Etat, voire des ministres, ont la double nationalité? Au moment où l'on célèbre 49 ans d'indépendance, le constat est terrible. Alors, à chacun d'assumer ses responsabilités pour que l'Algérie et les Algériens retrouvent leurs repères historiques sciemment occultés.