«Une foi n'est tolérable que si elle est tolérante.» Gisèle Halimi Je ne vous parlerai pas de ce film disjoncté dont le scénario a été écrit par le duo comique Eric et Ramzy, pour la bonne raison que je ne l'ai pas encore vu mais qui promet d'être désopilant vu que les deux lascars sont de grands admirateurs de l'Inspecteur Tahar. Les philosophes, les prophètes du futur, nous avaient bien avertis: le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas. Les religions auraient, selon ces prédicateurs, une importance de plus en plus grande dans la vie des gens contrairement aux deux siècles précédents qui ont été marqués par la domination d'idéologies matérialistes. On ne sait toujours pas si la démocratie, jadis brandie par les Occidentaux comme une panacée, en sortira vainqueur. C'est ainsi que, depuis l'accession de Khomeiny au pouvoir et surtout depuis l'intervention soviétique en Afghanistan, on a pu assister dans les pays musulmans à l'émergence de luttes et de guerres faisant référence à la religion comme assise idéologique. Les monarchies du Golfe finançant à coups de pétrodollars une vague de prosélytisme sans précédent. Tout cela avec les encouragements de la puissante Amérique. Par réaction, une vague de xénophobie va déferler sur les pays occidentaux qui accueillent malgré eux un flot ininterrompu de migrants dont la majorité, fuyant la mal-vie, l'insécurité et les dictatures, est de confession musulmane. C'est ainsi, que les partis traditionnels d'extrême droite européens, conservateurs et catholiques, dont le fonds de commerce a toujours été la xénophobie, vont être fortifiés par la nouvelle donne politique internationale qui placera les migrants musulmans comme des terroristes potentiels après avoir été montrés du doigt comme la cause des diverses crises économiques que connaît le capitalisme. Le terrorisme international conjugué à l'intolérance qui sévit dans les pays d'origine de ces migrants, fera exploser l'audience des divers «Front national» présents dans la plupart des pays européens. Même les hommes politiques ordinairement modérés vont se laisser prendre dans l'argument sécuritaire pour retenir des électeurs frustrés pendant que d'autres se serviront de l'islamisme comme épouvantail. C'est dans cette atmosphère que la Communauté européenne va commencer à donner des tours de vis aux visas aux étrangers et à renforcer les contrôles à ses frontières. Alors que les dictatures du Sud pratiquent une politique d'intolérance envers les cultes non musulmans, les pays européens vont se servir de tous ces facteurs réunis pour rendre la vie de moins en moins aisée aux musulmans. Tout cela se fait pendant que les avions de l'Otan bombardent certains pays musulmans, au grand bonheur des lobbies sionistes qui n'en espéraient pas tant. Si la plupart des partis demandaient l'interdiction du port du foulard, de la construction de minarets et de la prière dans les rues, des associations de défense d'animaux vont s'engouffrer dans la polémique pour dénoncer les abattages rituels d'animaux. Ce seront les musulmans qui en seront la première cible: Brigitte Bardot et ses émules vont mener, à la veille de chaque Aïd, une véritable croisade. Parallèlement, devant l'importance démographique des musulmans, une nouvelle économie dans la distribution de viandes hallal va connaître une progression dont le chiffre d'affaires va donner le tournis aux responsables des circuits traditionnels. Des incidents liés à l'alimentation dans les collectivités vont fournir de nouveaux arguments aux islamophobes. Certains pays comme la Suisse, la Suède, la Norvège et le Luxembourg avaient promulgué des lois obligeant l'étourdissement d'animaux avant leur abattage. Les Pays-Bas, pays jusque-là connu pour sa tolérance, viennent de rejoindre le club des pays sus-cités malgré l'existence sur leur sol d'une ancienne communauté juive qui n'avait jamais eu à souffrir en dehors de la période nazie, d'une quelconque intolérance. Ainsi juifs et musulmans vont se retrouver unis dans un même front pour lutter pour le respect de la pratique de leur religion respective. Hallal et casher sont les deux faces de la nouvelle xénophobie européenne.