La Libye fut au centre des discussions entre les deux chefs de la diplomatie. L'Algérie et l'Italie sont favorables à une «solution politique» à la crise libyenne. Les ministres des Affaires étrangères, algérien et italien, ont animé une brève conférence de presse hier à Djenane El Mithak. Mourad Medelci a reconnu que les discussions avec son homologue italien, Franco Frattini, ont surtout porté sur la crise libyenne, un sujet qui semble prendre le dessus sur toutes les autres questions, y compris le chapitre des relations bilatérales. L'Algérie ne changera pas de position. La guerre contre le peuple libyen n'aboutira à aucune solution. Les Italiens qui ont pris part aux opérations de l'Otan reviennent à de meilleurs sentiments. Désormais ils sont convaincus que la solution politique est la seule alternative urgente pour le règlement de la crise libyenne, a déclaré M. Frattini, ajoutant que l'Algérie aussi bien que l'Italie avaient un «intérêt direct» dans le retour de la paix et de la stabilité politique en Libye en tant que pays «voisins immédiats» donc «les plus proches» de la Libye. Durant les discussions entre les deux diplomates, Medelci a insisté sur la feuille de route de l'Union africaine, arrêtée à Malabo. «J'ai eu l'occasion d'expliquer à M. Frattini que cette proposition africaine bénéficie d'éclairages extrêmement importants que l'Union européenne, la Ligue arabe et les Nations unies ont pu donner». L'Algérie souhaite que cette initiative soit adoptée comme une «démarche collective». Là aussi, les Italiens sont d'accord. Fratini s'est même engagé à la défendre ce vendredi à Istanbul lors de la prochaine réunion du groupe de contact sur la Libye. «Je crois qu'à Istanbul on pourra avancer sur cette perspective de solution politique à cette crise», a estimé M. Frattini. Sur ce rendez-vous d'Istanbul, il a précisé que l'Italie «est en train de travailler pour apporter une contribution italienne et proposer des suggestions pour une feuille de route qui puisse inclure le cessez-le-feu et le début du dialogue inter-libyens avec l'exclusion d'El-Gueddafi et de sa famille qui doivent quitter le pouvoir comme récemment affirmé par l'UA.» Une exclusion au sujet de laquelle l'Algérie n'a pas imposé un quelconque veto. A la question de savoir si l'Algérie était pour ou contre la participation du colonel Mouamar El Gueddafi au dialogue inter-libyens, M. Medelci a réaffirmé «l'adhésion de l'Algérie à la démarche de Malabo» qui a-t-il rappelé, «fait mention très clairement de l'engagement du colonel El Gueddafi à ne pas faire partie du dialogue inclusif libyen». Un autre point de divergence réglé. Mais la question qui taraude la communauté internationale a trait aux interlocuteurs libyens chapeautant le dialogue interne. Une inquiétude soulevée hier par Frattini. Le chef de la diplomatie italienne a souligné, en outre, la nécessité de mettre en place un gouvernement libyen de transition et de sauvegarder l'unité et l'intégrité territoriale de la Libye. Frattini a affirmé que la crise libyenne aura des répercussions graves sur la sécurité dans la région. « On peut affirmer aujourd'hui qu'il y a eu transfert d'armes, d'hommes et d'argent», les groupes extrémistes se sont servis des armes, ces même armes sont gardées dans une région déjà bien sensible».