Même le voyage en Tunisie est boudé par les Algériens. Soyons réalistes et admettons que, de nos jours, les vacances au bord de l'eau ne sont point à la portée de tout un chacun. En effet, inflation oblige, elle est même parfois «hyper» pour certains produits et les salaires ne répondent plus aux besoins élémentaires du citoyen, de l'aveu même de certains responsables qui sont favorables à un Smig nettement supérieur à l'actuel. A ces maux principaux, faut-il ajouter le désarroi dans lequel sont plongés les candidats à des journées de détente au bord de la «Grande Bleue» faute de conditions de transport adéquates du point de vue horaires, tarification, sans parler du «confort», un qualificatif qui se fait hélas, désirer à bien des égards. Ces mêmes citoyens sont du coup confrontés à la cherté des prestations, d'ailleurs à peine modestes et peu conformes aux règles élémentaires d'hygiène et de conservation, offertes sur les plages ou dans les agglomérations environnantes. Comment donc un salarié pourrait-il emmener sa smala à la plage au vu des dépenses qui le guettent? Il pourrait à la rigueur, y aller passer une journée peut-être, mais encore faudrait-il qu'il sache serrer sa ceinture encore d'un cran ou même de deux? Mais que faire de tout son congé et des vacances scolaires de ses enfants? Et qu'en est-il aussi du repos bien mérité de l'épouse au foyer qui a trimé et réussi, parfois, çà économiser quelque peu durant toute l'année pour arriver à clore dignement une année sociale, couronnée cette année par le jeûne du mois sacré du Ramadhan? Autant de questions qui viennent à l'esprit sans trouver les réponses adéquates pour beaucoup de citoyens. Certes, les hôtels, les bungalows, les quelques centres de camping...affichent complet mais à quels prix et avec quelle clientèle aussi, si ce n'est une catégorie aisée et au nombre limitée d'enfants en bas âge ou sans, auxquels il est «impératif» d'offrir ce quart d'évasion tant attendu, pour leur santé et une longue année scolaire qui les attend. Si les vacances sont synonymes d'évasion et de détente pour le travailleur, il existe hélas, des citoyens aux moyens limités pour lesquels la saison estivale telle qu'elle devrait être envisagée, reste un rêve, ou pire, un mirage qui ne peut se réaliser. Il est cependant clair que nos aînés non plus ne pouvaient s'offrir de vraies vacances en bord de mer du temps de la colonisation. Les circonstances étaient bien sûr tout autres, mais aujourd'hui, les conditions matérielles sont caractérisées par des possibilités plus grandes de déplacement (air-mer-terre) et l'évolution des mentalités. Le citoyen algérien aspire légitimement à des moments de farniente pour mieux «engager» la prochaine année sociale. Comment s'y prendre avec des journées qui reviennent à plus de 1000 DA/par personne et par jour pour les endroits huppés non loin d'Alger comme Sidi Fredj, Azur Plage ou Zéralda. Pour une famille moyenne, le calcul est simple pour décourager de prétendants à de pareils moments. Ne restent plus pour les enfants intrépides, que les petites anses qui s'égrènent autour des villes côtières vers lesquelles ils se rabattent. Citons celles de l'ouest de la capitale comme Franco ou Miramar, El Kettani au centre-ville, dont les services sont très corrects et surtout abordables pour les quartiers populaires, notamment celui mitoyen de Bab El Oued. D'autres se situent près des villes de Mostaganem (Stidia, Salamandre et les Sablettes), Béjaïa (Les Aiguades et Tichy) ou encore «Jeanne d'Arc» à Skikda, le «Grand Phare» à Jijel, «Chapuis» à Annaba... et beaucoup d'autres qui ont fait, et font encore la joie des bambins. Les programmes de vacances à l'extérieur du pays sont pour leur part très aléatoires. Outre l'obtention de la clé du sésame qu'est le visa, même les habitués de vacances en Tunisie boudent cette destination au grand dam des autorités tunisiennes du tourisme. A propos justement de ces vacances dans le pays frère, notre voisin, une baisse considérable des touristes algériens en Tunisie a été constatée malgré l'absence d'un visa de séjour dans ce pays où le permis de séjour est désormais de quatre mois au lieu de trois précédemment. Une certaine appréhension sécuritaire infondée, s'est en effet emparée des éventuels touristes algériens en Tunisie. Ainsi, Choukri Arfaoui, commissaire de police tunisien au centre frontalier Mloula Oum Tbal, a indiqué que «toutes les mesures nécessaires ont été prises par les services du ministère de l'Intérieur de mon pays pour accueillir les touristes algériens dans de bonnes conditions». Selon lui, «le nombre de touristes algériens a régressé de 50% par rapport à la même période 2010» et que le taux des passagers algériens vers la Tunisie enregistre actuellement quelque «1000 passagers/jour contre 2500 en 2010.»