Le changement de régime en Tunisie ouvre la voie à un retour des derniers prisonniers tunisiens de Guantanamo, ont estimé samedi des ONG, qui ont lancé une campagne de sensibilisation auprès de l'opinion et des autorités tunisiennes. Il reste à ce jour cinq Tunisiens détenus à Guantanamo, pour la plupart depuis près d'une décennie, a indiqué l'association britannique de défense des prisonniers Reprieve, lors d'une conférence de presse à Tunis. « Avant la révolution, le retour des prisonniers en Tunisie était très dangereux », a déclaré la représentante de Reprieve, Katherine Taylor, soulignant que deux Tunisiens libérés en 2007 et rapatriés dans leur pays avaient été détenus et torturés dans les prisons de Ben Ali. « Maintenant la situation est évidemment différente », a-t-elle ajouté, en appelant les autorités tunisiennes à négocier avec les Etats-Unis pour obtenir le retour de ses ressortissants. « Avant, nous bataillions pour que les Tunisiens de Guantanamo innocentés ne reviennent pas en Tunisie, où ils étaient menacés. La justice américaine a d'ailleurs statué en ce sens en 2008. Aujourd'hui, il faut que cette mesure soit levée afin de permettre aux Tunisiens de revenir dans leur pays », a déclaré Sihem Bensedrine, militante des droits de l'homme et dirigeante de la radio tunisienne Kalima. Les cinq Tunisiens de Guantanamo ont été innocentés aux Etats-Unis et bénéficieront dans leur pays de la loi d'amnistie générale décrétée après la chute du régime de Ben Ali le 14 janvier, a-t-elle affirmé.