Les américains étaient scandalisés par le recours aux pratiques de la tortures par le régime de Ben Ali selon un document secret mis en ligne par Wikileaks Imprimer Envoyer à un ami Flux RSS Partager Selon un document obtenu par WikiLeaks et mis en ligne le 30 novembre dernier, l'ambassade Américaine à Tunis a exprimé en 2009 son inquiétude sur la pratique de la torture en Tunisie et évoque des pressions tunisiennes sur des chancelleries occidentales pour que celles-ci refusent d'accueillir sur son territoire des détenus tunisiens de Guantanamo. Les révélations de Wikileaks commencent à distiller certaines vérités amères sur la nature horrible des régimes maghrébins. Le deuxième document révélé par Wikileaks sur la Tunisie n'est, en tout cas, nullement tendre avec le régime de Ben Ali. Daté du 23-06-2009, câble diplomatique classé « secret » et « Noforn », c'est à dire « à ne pas diffuser aux ressortissants étrangers », l'ambassadeur américain à Tunis Robert F. Godec raconte les dessous des négociations secrètes que la Tunisie tenaient avec la France, l'Allemagne, le Canada et l'Italie, pour les persuader de n'accueillir aucun détenu tunisien de Guantanamo. Des négociations menées essentiellement par Abdelhafidh Herguem, secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé des Affaires maghrébines, arabes et africaines, avec les représentants de ces pays à Tunis. Selon le mémo américain, la Tunisie ne délivrait à ses partenaires européens qu'un seul message : « n'acceptez pas la demande des Etats-Unis de prendre des détenus tunisiens ». Et pour cause, selon les officiels tunisiens, ces derniers représentent toujours une menace et pourront « nuire à l'image de la Tunisie dans le monde ». Le secrétaire d'Etat tunisien s'est également engagé à protéger ses prisonniers que la Tunisie réclamait haut et fort contre « toutes les pratiques de la torture ». « Lors d'une réunion tenue le 22 Juin, un petit groupe d'ambassadeurs européens a examiné les demandes tunisiennes. Parmi les ambassadeurs, les opinions divergeaient sur les risques pour les prisonniers tunisiens, mais certains ont dit il ya une possibilité de torture ou de mauvais traitements pour les personnes accusées de terrorisme », révèle par ailleurs l'ambassade américain l'ambassadeur Robert F. Godec. Selon ce mémo, les ambassadeurs européens ne se sont guère montrés très soucieux des « traitements » que pouvaient subir ces prisonniers dans les geôles tunisiennes. D'ailleurs, au cours de cette réunion, l'ambassadeur canadien à Tunis a clairement piqué une colère en qualifiant de « conneries » les assurances présentées par la Tunisie à ses partenaires européens. Il affirmait détenir lui-même des preuves de pratique d'actes de torture sur un prisonnier tunisien durant plusieurs mois ! Cette attitude passive européenne a, visiblement, choqué également l'ambassadeur américain qui souligne clairement dans ce mémo que la torture en Tunisie est systématiquement pratiquée. Robert F. Godec se plaint également à Washington du verrouillage qu'impose le régime de Ben Ali à toutes les organisations de défense des droits de l'homme. « Il n'existe aucune garantie absolue contre les mauvais traitements », rappelle en dernier lieu l'ambassadeur US qui souhaite que Washington demande des « mécanismes de contrôle et de suivi » si elle se résout à transférer des détenus Tunisiens de Guantanamo en Tunisie. Abderrahmane Semmar