Bush n'a pas fini avec les affaires. Après avoir exhaussé la revendication de l'opinion mondiale de mettre un nom sur ses prisonniers de Guantanamo, le président américain est, de nouveau, sous l'œil de l'organisation américaine de défense des droits de l'Homme, Human Rights Watch (HRW), qui exige de lui la liste des “prisonniers fantômes” détenus par la CIA. Pour la responsable des questions du terrorisme à HRW, Katherine Bierman, le goulag américain n'est qu'une partie de l'histoire des prisonniers de Bush. Il soutient qu'il y a davantage de gens détenus par les Etats-Unis, communément appelés “des prisonniers fantômes”. Devant le silence de Washington sur ce dossier, HRW se demande si ces prisonniers ont disparu. Les prisonniers fantômes, dont l'identité est officiellement inconnue, seraient détenus par la CIA dans des lieux inconnus. Ce sont, pour la plupart, des cadres de haut rang du réseau terroriste Al-Qaïda, à l'image de Ramzi ben Al-Shaiba, l'un des coordinateurs présumés des attentats de 2001, ou le numéro trois de l'organisation, Khaled Cheikh Mohammed. Des fuites dans la presse américaine ont commencé à lever le rideau sur ces prisons d'un nouveau genre. Des lieux de détention ont été identifiés sur la base aérienne de Bagram en Afghanistan, l'île de Diego Garcia, grande base américaine dans l'océan Indien, sur la base de Guantanamo à Cuba, dans une zone séparée des prisonniers détenus par le Pentagone et dans certains pays de l'Europe centrale et du Moyen-Orient. Cette histoire de prisonniers fantômes est liée à celle dite des “avions fantômes”, qui ont servi à les transporter à travers le monde en empruntant des escales européennes. Plusieurs ONG et parlementaires européens ont exigé de leurs pouvoirs respectifs la lumière sur ces affaires. Le Pentagone n'est toujours pas disposé à faire preuve de transparence sur cette affaire qui a fait des gorges chaudes dans les capitales européennes. HRW compte briser les réticences de Bush, comme cela a été fait dans le cas de Guantanamo en rendant publics les noms et les nationalités d'une partie des quelque 490 prisonniers. Le ministère américain de la Défense n'a pas diffusé une liste proprement dite des noms, mais environ 5 000 pages de comptes rendus d'auditions où apparaissent ces informations. La situation des prisonniers de Guantanamo se serait améliorée, a estimé, pour sa part, la présidente du Sénat belge, Anne-Marie Lizin, de retour d'une visite au camp de détention américain effectuée pour le compte de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Sur les questions alimentaires, vestimentaires ou religieuses, les prisonniers sont mieux traités mais la souffrance et la torture psychologique font des ravages. Les prisonniers sont détenus depuis des années sans procès. L'opinion exige la fermeture du centre de détention mais Bush ne sait pas quoi faire de ses prisonniers, d'autant que leurs pays d'origine ne veulent pas d'eux. D. Bouatta