Le calme est revenu hier dans la ville syrienne de Homs après de violents affrontements qui ont fait une trentaine de victimes au cours du week-end, l'armée ayant par ailleurs pénétré dans plusieurs autres villes du pays. Les forces de sécurité sont intervenues à Homs, à 160 km au nord de Damas, et y ont mis fin aux violences, a déclaré le chef de la Ligue syrienne des droits de l'homme (Lsdh) Abdel-Karim Rihaoui. Il a estimé que les heurts qui avaient commencé samedi soir entre des habitants donnaient un «signal dangereux de l'effritement» menaçant la société syrienne, «si une solution n'est pas trouvée à la crise» née du mouvement de contestation entamé il y a quatre mois. Les violences dans cette cité où cohabitent les trois communautés sunnite, alaouite - une branche du chiisme à laquelle appartient le président Bachar Al Assad - et chrétienne ont fait entre samedi et dimanche environ 30 morts et des dizaines de blessés et des boutiques ont été incendiées, a-t-il affirmé. Les affrontements se sont produits après l'assassinat à Homs de trois partisans du régime enlevés au début du mois par des inconnus et dont les corps démembrés ont été restitués samedi à leurs proches. «Ces affrontements représentent un changement dangereux qui porte atteinte à la révolution et servent les intérêts de ses ennemis qui veulent la transformer en guerre civile», a de son côté commenté le chef de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (Osdh), Rami Abdel Rahmane. «Lorsque les heurts ont commencé, les deux camps se frappaient à coups de bâton et, par la suite, des armes à feu ont été utilisées», a-t-il indiqué. Les militaires ont aussi pénétré dimanche dans la ville de Zabadani (sud), théâtre d'importantes manifestations contre le pouvoir, a dit Abdel Karim Rihaoui. Ils ont «perquisitionné dans les maisons et ont arrêté plus de 50 personnes» dans cette cité située à 50 km au nord-ouest de Damas, non loin de la frontière libanaise, a affirmé le responsable de la Lsdh. Les soldats ont, en outre, interpellé environ 200 personnes, notamment une figure de proue de l'opposition, l'écrivain Ali Abdallah, à Qatana, à 25 kilomètres au sud de la capitale, a indiqué la Ligue. A Al-Bou Kamal, dans l'est, à la frontière irakienne, l'armée est postée à la périphérie où des parachutistes ont été largués mais il n'y a aucun contact entre les militaires et les habitants, d'après la même source. La situation y est «explosive» à cause des «groupes armés» qui y fomentent des troubles, a affirmé hier le quotidien al-Watan, proche des autorités syriennes. Selon l'Osdh, un civil a été tué et plusieurs autres blessés samedi dans cette ville quand les forces de sécurité ont ouvert le feu pour disperser un rassemblement contre le régime. Mais l'agence officielle Sana a parlé de «gangs terroristes armés qui ont pris d'assaut un bâtiment public et saisi les armes qui y étaient déposées». Trois membres des forces de l'ordre ont été tués et deux autres ont été enlevés, a affirmé l'agence. Depuis le début de la révolte, les autorités attribuent les violences à des groupes armés cherchant à semer le chaos dans le pays. A Deir Ezzor, également dans l'est, environ 200 personnes ont été interpellées dimanche, ont annoncé des militants. A l'autre bout du pays, la vie «a repris son cours normal» à Hama, à 210 km au nord de Damas, théâtre d'immenses manifestations antigouvernementales ces dernières semaines, écrit al-Watan Par ailleurs, l'ambassadeur du Qatar à Damas, Zaëd al-Khayarine, a, pour sa part, récemment quitté la Syrie et l'ambassade a «gelé ses travaux», a déclaré un responsable de la représentation qatarie, sans préciser ni la date ni les raisons de ce départ. Le régime syrien a vivement critiqué la chaîne de télévision qatarie Al Jazeera pour sa couverture jugée exagérée de la révolte populaire.