L'armée syrienne est intervenue dans plusieurs villes pour réprimer la contestation en procédant lundi à des perquisitions et des arrestations, faisant un mort à Homs où des heurts sans précédent entre opposants et partisans du régime ont fait 30 morts ces dernières 48 heures. Face à la poursuite de la répression quatre mois après le début de la révolte, les ministres européens des Affaires étrangères ont étudié un renforcement des sanctions contre le président syrien Bachar Al-Assad et son entourage, plusieurs d'entre eux appelant à un changement de régime à Damas. Après des manifestations vendredi dispersées par la force à Homs (centre) et des heurts armés entre pro et anti-régime samedi et dimanche, l'armée a pénétré dans cette ville pour tenter d'y rétablir le calme. Mais un civil a été tué et quatre ont été blessés par les forces de l'ordre dans le quartier de Khaldiyé où plusieurs cars d'agents de la sécurité ont pénétré et des tirs ont été entendus, selon Abdel Karim Rihaoui, chef de la Ligue syrienne des droits de l'homme. Les affrontements dans cette cité où cohabitent les trois communautés sunnite, alaouite – une branche du chiisme à laquelle appartient Al-Assad – et chrétienne ont fait 30 morts et des dizaines de blessés, a-t-il affirmé. Ils ont éclaté après l'assassinat de trois partisans du régime enlevés début juillet par des inconnus et dont les corps démembrés ont été restitués samedi à leurs proches, selon une ONG syrienne. Près de la capitale Damas, les soldats ont arrêté environ 200 personnes, notamment une figure de proue de l'opposition, l'écrivain Ali Abdallah, à Qatana, ont indiqué des militants. Dans l'Est, à la frontière irakienne, après le déploiement de soldats à la périphérie de la ville d'Al-Bou Kamal, les habitants et l'armée sont parvenus à un compromis prévoyant le retrait des troupes, la levée des barricades érigées par les habitants et la remise à l'armée des armes volées dans les commissariats, selon M. Rihaoui. Et à Hama (nord), théâtre d'immenses manifestations hostiles au régime, plus de 50 manifestants ont été libérés après un accord entre le nouveau gouverneur et les habitants aux termes duquel ceux-ci lèveront les barricades, ouvriront leurs commerces en échange de la libération des détenus et l'autorisation de manifester pacifiquement, a dit M. Rihaoui. Alors que la communauté internationale est divisée sur l'opportunité d'une condamnation de la répression à l'ONU, notamment en raison de l'opposition russe, la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a affirmé que l'Europe allait “continuer à étudier des sanctions et le type de pression à mettre en place” contre le régime Al-Assad, lors d'une réunion à Bruxelles. Le Britannique William Hague a été jusqu'à réclamer le départ de M. Assad s'il ne réforme pas son pays, alors que la France a exhorté la direction syrienne à “engager sans délai une transition démocratique”.