Le Président pakistanais a été chargé de transmettre les velléités de paix et d'amitié de l'Algérie envers le Maroc. «Je vois en vous (M.Musharraf) un messager de la paix, c'est pourquoi je vous demande de transmettre un message de paix à nos frères au Maroc envers lesquels nous témoignons amitié et fidélité.» Cette «mission» a été demandée au chef de l'Etat pakistanais, Pervez Mussarraf, à la faveur de l'intervention prononcée par le Président, Abdelaziz Bouteflika, lors d'un dîner qu'il a offert jeudi dernier en l'honneur de son hôte, alors en visite d'Etat de deux jours dans notre pays. Venant de la Tunisie, dans le cadre d'une tournée dans les trois pays du Maghreb, le président Musharraf, poursuivra son voyage par une visite de deux jours au Maroc à l'issue de son séjour en Algérie. C'est que, le contexte régional dans lequel s'est déroulé ce périple du général-président pakistanais dans le Nord Ouest africain, est fortement dominé dans les deux principales capitales maghrébines, Alger et Rabat, par les échos des consultations actuellement menées par le Conseil de sécurité de l'ONU, sur le dossier sahraoui. Celui-ci, comme chacun le sait, interfère souvent depuis près de trois décennies dans l'évolution des relations entre les deux pays, l'Algérie et le Maroc. D'ailleurs, abordant ce volet, le Président Bouteflika a, une nouvelle fois, réaffirmé «la disponibilité de l'Algérie à refonder (ses) relations avec le Maroc, tout en mettant de côté certaines questions sur lesquelles les Nations unies trancheront», dans une allusion implicite à la question sahraouie. Plus explicitement, le chef de l'Etat algérien a réitéré, toujours dans cette allocution, que l'Algérie soutient «une solution juste et définitive, fondée sur le droit du peuple sahraoui à décider librement de son destin». Plus exactement, et répondant à des spéculations savamment distillées ces dernières semaines sur de prétendues pressions de la part d'Alger pour pousser le Front Polisario à accepter le plan de règlement Baker, Bouteflika a souligné que: «La position de l'Algérie reste constante et ne souffre d'aucune ambiguïté. Elle réside dans notre soutien au plan de règlement de l'ONU et aux accords de Houston que les deux parties au conflit, le Maroc et le Front Polisario ont accepté». Autrement dit, comme l'a bien précisé le Président de la République «l'Algérie continuera à apporter son plein appui aux efforts du secrétaire général de l'ONU et elle renouvelle son soutien et sa confiance à M.Baker dans sa recherche, d'une solution juste et durable à ce conflit qui n'a que trop duré». Ce qui n'est pas le cas du Maroc qui, en plus de son occupation militaire de ce territoire, n'a pas cessé depuis 1975 de rejeter tous les plans et autres propositions de solutions des institutions internationales qui n'avaliseraient pas l'annexion pure et simple par le royaume chérifien de l'ancienne colonie espagnole. Ainsi, pas plus tard que la semaine dernière, le ministre marocain des Affaires étrangères, M.Mohamed Benaïssa - commentant le projet de résolution présenté quelques jours plus tôt par les Etats-Unis et visant à entériner le nouveau plan de règlement de la question du Sahara occidental - a exprimé, ce qu'il a appelé, «le refus catégorique» du Maroc de «toute décision» sur le Sahara occidental qui lui serait «imposée». Son représentant à l'ONU, Mohamed Bennouna est allé pour sa part, encore plus loin, qualifiant ce projet de résolution de «contre-productif», alors que la presse du royaume chérifien y a vu «un complot algéro-américain» contre le Maroc.