Le chef de l'Etat a salué la sincérité et la conscience politique de son homologue français. Le président de la République a tenté de dépassionner le débat sur les relations algéro-françaises focalisé autour du traité d'amitié qui devrait être signé dans les prochains mois, affirmant que la coopération entre les deux pays va bien.«Nous ne demandons pas l'impossible, nous voulons une amitié sincère avec la France, mais que chacun reconnaisse ses erreurs», a déclaré hier, le chef de l'Etat qui animait un meeting à Batna, dans le cadre de la campagne électorale pour le référendum sur la réconciliation nationale. «Nous allons oeuvrer à consolider et à renforcer les relations entre les deux pays», a assuré le président de la République. «Nos coeurs sont pleins de fraternité et d'amitié envers les autres peuples et surtout envers ceux avec qui nous avons partagé les meilleurs et les pires moments», a-t-il ajouté dans le même meeting, précisant que «nous voulons une amitié avec la France basée sur la sincérité et empreinte de bonnes intentions». Bouteflika a expliqué que pour cette amitié soit sincère, «il faut que chaque partie reconnaisse à l'autre ses qualités et ses défauts». En d'autres termes, il a tout simplement demandé à l'Etat français de reconnaître les erreurs que ses différents gouvernements avaient commises en Algérie. «Celui qui a fauté doit avoir le courage et la modestie de demander pardon et nos coeurs sont assez grands pour l'accepter» Il a également indiqué qu' «il n'y a aucune animosité entre l'Algérie et la France. Notre seul but est d'avoir des relations paisibles et amicales. Nous ne voulons qu'une paix et une quiétude sur un pied d'égalité». Une déclaration différemment appréciée par les observateurs. Pour certains il s'agit de la suite de la guerre des déclarations qui a commencé depuis que le Parlement français a décidé, en février dernier, de voter une loi reconnaissant les bienfaits de la colonisation en Afrique du Nord. D'autres observateurs par contre, estiment que «la déclaration de M.Bouteflika a signé l'arrêt de mort du traité d'amitié» qui devait intervenir avant la fin de l'année 2005 «puisque de toutes les façons, avancent-ils, la France ne reconnaîtra jamais les atrocités qu'elle a commises en 130 ans de colonisation en Algérie». Mais c'est compter sans les relations personnelles qui existent entre MM.Bouteflika et Chirac. Le président Bouteflika a d'ailleurs saisi l'occasion pour exprimer son amitié à son homologue français dont il a salué «la sincérité et la conscience politique». Hormis cela, M.Bouteflika a souligné que chacun défend les intérêts de son propre pays. «Nous sommes un peuple qui défend sa terre et son honneur et nous n'accepterons jamais que notre dignité soit bafouée», a-t-il articulé.