Qui cèdera la place à l'autre? On aura la vraie réponse en 2014. Aux attaques du RND, le FLN veut frapper fort: il faut décapiter le RND en délestant Ahmed Ouyahia du poste de Premier ministre. Entre le FLN de Belkhadem et le RND de Ouyahia, on ne s'encombre pas de formule de politesse pour se tirailler. Plus les élections d'avril 2012 se rapprochent plus les ingrédients d'une guerre sans pitié se déversent dans la marmite de la politique nationale. Se partageant la majorité des sièges dans les assemblées élues, les deux partis n'ignorent pas que les prochaines législatives livreront l'esquisse de la prochaine présidentielle. C'est en quelque sorte une rampe de lancement, une antichambre de la présidentielle de 2014. On n'ignore pas également que le dirigeant du FLN comme celui du RND nourrissent chacun l'ambition de présider aux destinées de l'Algérie en 2014. Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND, qui ronge ses freins depuis 1998 a fini par céder et déclarer publiquement dans une émission de télévision que «la présidence de la République est une rencontre de l'homme avec son destin». Comme pour lui signifier qu'il n'est pas seul sur ce terrain fait d'argile glissante et de sables mouvants, le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, réplique une semaine plus tard dans la même émission «que la présidence de la République est une ambition qui doit animer chaque homme politique». Il y a l'ambition du côté du FLN comme du côté du RND, la conviction ou plutôt le sentiment d'être le plus fort voire même le plus apte à diriger le pays. Voilà donc deux ingrédients suffisants pour attiser une guerre sans pitié entre les deux hommes. Le reste sera fait de tiraillements du genre: «Le RND est un parti né avec des moustaches», «le FLN qui a géré le pays pendant 50 ans nous a menés au chaos», «le RND gagne ses élections grâce à l'appui de l'administration», le FLN a participé à la réunion de San Egidio à Rome en 1995, etc. Il y aura également les coups bas, dont on ne verra souvent que du feu. Pour commencer, citons par exemple cette réunion extraordinaire du Comité central du FLN prévue les 30 et 31 juillet prochains. Traversé par une crise profonde, le FLN risque bien une implosion surtout qu'une bonne partie de ses militants risque de s'aligner du côté des redresseurs drivés par Salah Goudjil et Mohammed S'ghir Kara. Ces derniers contestent la gestion de Belkahdem, commandant de bord du FLN. Les protagonistes de la crise interne du FLN sont loin d'avoir apaisé la tension et l'éventualité d'une réconciliation. En face, ce sont les dirigeants du RND qui se délectent de ce spectacle d'un bâteau FLN qui chavire et qu'il ne sert à rien de changer de place à l'intérieur du Titanic car, de toute façon, il va couler. Pour ne pas céder le terrain à cette rencontre qui, théoriquement, est une activité interne au FLN, le RND prépare une importante réunion à Alger. En effet, le RND organisera ce samedi une conférence qui regroupera les cadres de la wilaya d'Alger consacrée à l'examen de certaines questions de l'actualité nationale. C'est le porte-parole officiel du parti, Miloud Chorfi, qui a fait cette annonce comme pour donner plus de tonus à cette rencontre. Il a été même jusqu'à détailler l'ordre du jour où figurent trois principaux axes s'inscrivant dans le cadre de la préparation des prochaines échéances électorales. Il s'agit des axes relatifs au développement et l'élu dans le cadre du plan quinquennal 2010-2014, la jeunesse et la femme selon la vision du RND et la participation du parti à la sensibilisation à l'importance des réformes politiques. Rodé aux crises et aux luttes de sérail, le FLN usera de ses atouts. Sa première cible demeure le poste de Premier ministre. Il faut s'attendre dans les prochaines semaines à une campagne de dénigrement sans pareille contre Ahmed Ouyahia, l'actuel Premier ministre. C'est un secret de polichinelle, la direction du FLN veut frapper fort: il faut décapiter le RND. «Le reste est un simple exercice d'écolier» conseillent les vieux renards du FLN.