L'homme qui a grandi dans les entrailles du vieux parti ne cache pas son ambition de présider aux destinées du pays. L'intervention du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, avant-hier, à l'APN a suscité un vif intérêt au double plan national et international. Au plan interne, le Premier ministre était attendu sur les réponses qu'il devait apporter à des problèmes surtout sociaux comme le logement, le chômage et l'emploi, des problèmes au niveau local et le phénomène de la corruption. Au plan international, c'est la question sécuritaire avec l'affaire du Sahel qui a concentré les regards puisque le Premier ministre exprime la position officielle de l'Algérie. Cela pour la partie visible. L'autre partie - la vraie -, celle qui est cachée, se jouait dans les coulisses de l'Assemblée où la critique objective de la déclaration de M.Ouyahia a été le cadet des soucis de la majorité parlementaire. Cependant, ce qui a retenu l'attention des observateurs a été surtout l'ambiance politique qui a régné avant et pendant cette déclaration du Premier ministre. Il a été relevé que depuis ces dernières semaines, M.Belkhadem s'est fait passer pour le maître d'un concept qui sort droit du sac à mille tours du FLN: la critique allusive. Cette trouvaille politique consiste à envelopper dans du velours la hache de guerre qu'on vient de déterrer avant de porter l'estocade. Les observateurs n'ont pas manqué de faire remarquer d'ailleurs, la présence de M.Belkahdem à la préparation du congrès de l'Organisation nationale des moudjahidine. Une façon pour le secrétaire général du FLN, d'afficher son plein désaccord sur des questions d'importance nationale comme celle de la mémoire. Sur ce point, le RND s'est totalement démarqué de son ancêtre le FLN. Alors que Belkhadem exige comme préalable des excuses de la France officielle pour ce que son armée avait commis en Algérie, Ahmed Ouyahia lui, privilégie une démarche plus pragmatique laissant la question de la mémoire aux soins du peuple français pour faire seul son mea- culpa. Cela sans oublier que depuis son départ du gouvernement en 2008, Abdelaziz Belkhadem n'a pas tari de critiques sur la façon de gouverner de son rival Ahmed Ouyahia et il a même installé un gouvernement parallèle. Ce qui s'apparentait au début, à un effet de mode que les observateurs croyaient passager, s'est avéré une stratégie à long terme bien ciblée qu'adoptait le secrétaire général du FLN. Mais il faut reconnaître aussi que le passage de M.Belkahdem à la tête de l'Exécutif n'a pas produit de miracles. Peut-on considérer alors que ces désaccords entre deux hommes politiques, les plus influents du moment, expriment au grand jour le manque de cohésion dans l'action gouvernementale? Que l'on ne se trompe pas, ces sorties de M.Belkhadem sont loin de relever de la coquetterie politique. L'homme, qui a grandi dans les entrailles du vieux parti et a été formaté par le système, calcule assez souvent ses coups. Le secrétaire général du FLN ne cache pas son ambition de présider un jour aux destinées de l'Algérie.