Les partis se tournent vers l'essentiel FLN, RND, PT, RCD, FFS, en somme, tous les partis politiques se sont engagés dans la pré-campagne des échéances de 2012. Fini la spéculation sur la révolution. Fini l'état d'alerte et la peur permanente dans lesquels se trouvaient les partis politiques durant les six derniers mois. A présent, les partis se donnent pour seule et unique préoccupation la préparation des prochaines élections. Les législatives et les municipales de 2012, qui détermineront en grande partie la suite des événements jusqu'à la présidentielle de 2014, focalisent l'attention des politiques. Aujourd'hui même, plusieurs formations renouent avec les trouvailles d'avec leurs cadres. Le FLN en session «extraordinaire» du comité central, le RND réunit ses cadres, le PT rassemble ses cadres des wilayas du centre du pays et Abdellah Djaballah lancera un nouveau parti islamiste. Le RCD et le FFS viennent de clôturer leur université d'été avec leurs militants et leurs sympathisants. Des activités liées de près et/ou de loin aux échéances prochaines dont l'épicentre de l'intérêt reste l'électeur. C'est dire que les partis politiques affûtent d'ores et déjà leurs armes pour séduire un électorat jusque-là déconnecté et n'accordant plus aucun intérêt aux choses partisanes. Les partis ne l'entendent certes pas de cette oreille, poursuivant tout de même leurs activités organiques et partisanes. Le FLN, dont les pratiques trahissent les ambitions, tient aujourd'hui et demain une session extraordinaire de son Comité central pour tenter de calmer les esprits et «recoller» ses rangs déspersés. Peine perdue. La lettre envoyée, hier, par le mouvement de redressement au secrétaire général du parti, annonçant le boycott de cette réunion, n'est pas pour arranger les choses du plus vieux parti au pouvoir. Le FLN risque de ce fait d'imploser et de perdre beaucoup de son aura en prévision des élections de 2012. D'ailleurs, l'un des points nodaux de cette session est la préparation de ces élections. Belkhadem, qui sait bien que 2012 dessinera la cartographie politique pour la présidentielle de 2014, pèsera de tout son poids pour d'une part, éteindre le feu qui a pris dans sa maison et d'autre part, contrer ses rivaux qui sont nombreux et non des moindres. Le RND, notamment, qui depuis sa création, fait de l'ombre à l'ex-parti unique, rassemblera ce matin ses cadres à Alger pour une conférence à triple thème ayant une relation directe avec les prochaines échéances électorales. Le premier thème est relatif au développement et à l'élu, à la lumière du Plan quinquennal 2010-2014. Le deuxième point inscrit à l'ordre du jour a trait à la jeunesse et à la femme alors que le troisième est lié à la contribution du parti à la sensibilisation et la mobilisation dans le cadre des réformes politiques. Des thèmes ayant pour but final, bien exprimé dans les mots clés (développement, élu, plan quinquennal, sensibilisation, mobilisation, jeunes, femmes) de baliser le terrain aux législatives et municipales de 2012 ainsi qu'à la présidentielle de 2014. Le PT, qui n'a jamais caché ses ambitions, réunira, lui aussi, ses cadres des wilayas du centre du pays aujourd'hui à Alger. Le parti de Louisa Hanoune semble jouer une carte stratégique en s'alliant à l'Ugta qui est l'interlocuteur «officiel» du pouvoir à travers la tripartite. En s'alliant à l'Ugta, le PT veut surtout convaincre la Centrale syndicale de porter ses préoccupations devant la tripartite. L'inscription du Smng à l'ordre du jour de la rencontre prochaine du gouvernement-patronat-Ugta est de ce point de vue, le résultat de cette alliance du parti de Louisa Hanoune avec le syndicat de Sidi Saïd. Une bonne partie de l'avenir politique immédiat du PT est suspendue à ce que donnera cette tripartite, notamment en ce qui concerne les dossiers du Snmg et des retraités. Les islamistes ne sont pas en reste de cette course effrénée aux prochaines élections. Les partis agréés ayant perdu toute représentativité, c'est Djaballah qui veut réinvestir ce terrain, laminé par un passé douloureux, infligé à la population algérienne. Djaballah lancera donc aujourd'hui-même, son nouveau parti politique, dans l'espoir que l'islamisme reconquiert l'esprit des citoyens après avoir conquis celui de l'Etat qui, d'un côté, le combat et de l'autre, lui laisse toutes les voies ouvertes à travers un Code de la famille obsolète et un système éducatif archaïque. Dans ce terrain miné, les partis démocrates s'aventurent pour sauver ce qui peut l'être mais sans grand espoir. C'est dire que la bataille des prochaines échéances sera rude et à risque, notamment pour le FLN, habitué qu'il est à des scores dépassant l'entendement.