La complicité des responsables encourage ces comportements dignes d'une autre époque Planquée derrière un petit bureau, cette catégorie de personnel se donne des airs et dicte sa loi. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales avait annoncé sa volonté de mettre fin à la République des plantons. Il n'y a pas un citoyen qui n'a pas eu affaire, au moins une fois, à ces messieurs. Planquée derrière un petit bureau, cette catégorie de personnel se donne des airs et dicte sa loi. Recrutés sur le tas sans aucun niveau, souvent proches parents des responsables ou membres influents de ces organisations satellitaires qui tournent autour du pouvoir de décision, les plantons soufflent le chaud et le froid dans les couloirs de nos administrations. Nous généralisons volontairement la situation parce qu'ils sont tous pareils. Quand un administré se présente, ils ont appris à évaluer les personnes. Ils ont un sens inouï pour reconnaître les gens puissants de ceux qui ne le sont pas. Si vous déclinez votre fonction, ils n'hésiteront pas à se mettre à plat-ventre pour vous servir et à la fin, vous demander vos coordonnées et votre numéro de téléphone. Si par contre, vous montrez des signes de faiblesse, ils prendront des airs et des réactions de mépris pour ne pas dire agressives. La réponse est toute faite quant à votre doléance. «Il faut revenir demain, le directeur n'est pas là». «Votre problème ne relève pas de nos services», «le chef est dépassé» ou la formule magique du «il est en réunion»... Les plus vulnérables restent ces vieux et vieilles qui sont ballottés, et auxquels on essaie de soutirer un petit bakchich. Dans les pays développés, la fonction qui a changé d'appellation pour devenir celle de réceptionniste, est désormais l'apanage d'hôtesses chargées de renseigner le citoyen. La beauté de ces préposées, leur sourire et leur amabilité, ont donné un sacré soutien au principe de la crédibilité de l'administration. Dans certaines administrations, à Bouira, le planton, arguant de ses connaissances et ses relations avec les hautes sphères du pouvoir fait la loi, sa loi. Il se substitue aux responsables directs, fait passer qui il veut et renvoie qui il veut. Dépassant ses prérogatives, le monsieur croit dur comme fer qu'il est là pour contrôler, trier les usagers comme dans un barrage routier. Même les demandes d'audience, à remplir par le citoyen ont disparu, obligeant le demandeur à étaler son problème en public et donne au planton l'opportunité d'apprécier la possibilité de le laisser passer ou de le renvoyer. La question qui revient chez certains plantons est celle de savoir d'où vous êtes. Sans aucun niveau intellectuel, ces messieurs continuent à privilégier la donne fondée sur le régionalisme et basée sur le concept des archs. Le fait d'être originaire de sa région est un sésame qui ouvre toutes les portes. La complicité des responsables encourage ces comportements dignes d'une autre époque. En programmant leurs réunions les jours de visite par exemple, certains directeurs trouvent leur compte et évitent ainsi de rencontrer les plaignants. La lutte de M. Ould Kablia passe obligatoirement par l'injection d'un sang nouveau aux portes et seuils de nos administrations. Des milliers de jeunes diplômés n'ont pas de travail. Continuer à recruter des retraités... avec le motif sécuritaire en toile de fond, ne changera rien à la donne. La lutte contre la bureaucratie primaire dont les plantons sont le premier maillon d'une longue chaîne et restent le premier contact humain avec une administration, passe par le rajeunissement de ces personnels qui veulent être plus royalistes que le roi.