«Passer du statut de chômeur à celui de chef d'entreprise, sans transiter par la case salarié, pose réellement problème.» Ces derniers mois, il y a un rush de jeunes promoteurs vers l'Agence nationale de soutien à l'emploi de jeunes (Ansej). Selon les chiffres de cet organisme, l'Ansej a validé quelque 108.573 dossiers de projets d'activités de jeunes promoteurs durant le premier semestre 2011 (janvier- juin). «La validation des dossiers de projets d'activités de jeunes promoteurs a augmenté de 330% durant le 1er semestre 2011 par rapport à la même période de 2010, tandis que le nombre de dossiers déposés a connu un rebond spectaculaire de 1031%», a déclaré, hier à l'APS, son directeur général, Mourad Zemali. Cette évolution extraordinaire constatée en matière de la validation des dossiers réceptionnés s'explique, à en croire M. Mourad Zemali, «par la rapidité et la prise en charge des différents dossiers par les services de l'Ansej, mais aussi par la célérité constatée également auprès des banques concernées». A ce sujet, le directeur général de l'Ansej a assuré que le délai de traitement des dossiers a été réduit au maximum. Catégorique, il a soutenu que «Les banques sont en train de financer ces projets dans des délais record. Le délai de financement fixé aux banques est de deux mois, alors que dans certains cas, des dossiers ont été même financés en 48 heures», a-t-il tenu à préciser. Cela, dit-il, est possible suite à l'application des nouvelles mesures arrêtées en Conseil des ministres du 22 février 2011 relatives à la promotion de l'emploi. Et de poursuivre dans le même contexte, que ces nouvelles mesures avaient fixé l'apport personnel exigé au postulant au crédit à 1% du montant global du projet d'activité lorsque celui-ci est inférieur ou égal à 5 millions de DA, et à 2% du montant global du projet d'activité lorsque celui-ci se situe entre 5 millions et 10 millions de DA. Pour ce qui est du taux du prêt non rémunéré (PNR) octroyé par les dispositifs d'emploi (Ansej-Cnac), M. Mourad Zemali a souligné que ce dernier a été fixé à 29% du coût global de l'investissement lorsque celui-ci est inférieur ou égal à 5 millions de DA, et à 28% du coût global de l'investissement lorsque celui-ci est situé entre 5 millions et 10 millions de DA. C'est grâce à ces nouvelles mesures et dispositions d'allègements qu'il y a eu, selon le directeur général de l'Ansej, la création de quelque 50.000 microentreprises annuellement dont 35.000 dans le cadre de l'Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes (Ansej) et 15.000 de la Caisse nationale d'assurance chômage (Cnac). Cependant, les dispositifs d'emploi (Ansej-Cnac), ordonnance antichômage, sont perçus peu satisfaisants par nombre de spécialistes, soutenant que l'Algérie ne déroge pas à la règle en ce qui concerne le décalage entre les chiffres avancés et les réalisations effectives en matière de productivité et de création de postes d'emploi. «En Algérie, le dispositif Ansej est réduit à une simple distribution de sommes d'argent à des jeunes, sans aucun suivi. Car même si elle le souhaite, l'Ansej n'a ni les compétences ni les moyens d'accompagner de tels projets», a soutenu Mohammed Saïb Musette, chercheur auprès du Centre de recherche en économie appliquée du développement (Cread), ajoutant que quoiqu'il en soit, des interrogations restent de mise quant aux destinations des aides et au traitement des dossiers, puisque c'est là que réside l'incapacité de l'Ansej dans sa position de soutien à l'emploi des jeunes. Autrement dit, si un tel nombre de microentreprises existaient réellement, le nombre de postes de travail serait beaucoup plus important que le nombre timide avancé par la voie officielle. Dans, le même contexte, une récente étude effectuée par le Cread quant aux résultats enregistrés par les dispositifs d'emploi, version Ansej-Cnac, relève que passer du statut de chômeur à celui de chef d'entreprise, sans transiter par la case salarié pose réellement problème et renseigne sur des échecs certains. Ce qui est, d'ailleurs, ajoute la même étude, une exception dans les pays développés. Dans le même sillage, les chiffres émanant de l'Union des experts comptables font, quant à eux, état d'un taux d'échec de 50% des entreprises créées dans le cadre des microcrédits. Un échec qui se traduit par la disparition des entreprises. Les jeunes promoteurs ayant décidé de créer leur projet rencontrent un problème d'accompagnement après la mise en oeuvre de leur projet, ce qui soulève la question relative à la volonté et aux compétences de ces jeunes promoteurs. Donc, il est difficile de croire que la procédure Ansej-Cnac ait réalisé des études sérieuses sur les besoins en matière de créations de microentreprises.