Il a été beaucoup question ces derniers mois de Code de l'information, d'ouverture du champ médiatique, de réformes politiques et économiques. En fait, tout cela demeure théorique tant que les pouvoirs publics n'affichent pas une réelle volonté d'ouverture politique qui donne à tout un chacun de s'exprimer sans crainte d'un retour de bâton. De fait, entre le discours libéral professé par le pouvoir et la réalité sur le terrain, il y a un monde, plutôt un fossé que n'arrivent pas à combler des velléités d'accommodement qui cachent mal l'absence d'une véritable dynamique et option politique capable de libéraliser les énergies et permettre aux Algériens de montrer un savoir-faire étouffé et neutralisé par les interdits. Donc, il est question de réformes. Quelles réformes dès lors que celles-ci sont débattues en petit comité et cercles «d'initiés»? Quelles priorités (politique, économique, sociale...) devant impulser ces réformes sont mises en exergue? Quelle portée auront ces réformes sans que soit située la place de l'information et de l'audiovisuel dans ces changements? L'Algérie qui a été la première nation en Afrique et dans le Monde arabe à tenter l'ouverture politique en autorisant la création d'associations à caractère politique (partis) et d'organes de la presse privée, n'a pas su, sans doute voulu, aller plus loin en libéralisant le champ médiatique. Or, les radios et les télévisions privées ne sont plus un tabou en Afrique et dans le Monde arabe où désormais elles prolifèrent...sauf en Algérie où l'on argue encore et toujours d'une «immaturité» (de qui?) qui ne permettrait pas l'autorisation d'un tel bond qualitatif. Or, il ne peut y avoir de vraies réformes politiques et économiques sans l'ouverture subséquente des médias qui garantisse un accès et une prise de parole égaux pour le citoyen - à titre personnel ou organisé en association (politique, sociale, syndicale ou autre) - qui puisse lui donner d'exprimer une opinion en phase avec les événements du vécu national et/ou international. Les autorités qui disposent des médias lourds expliquent ou expliquent mal ou pas du tout (ce dernier postulat est encore le plus vrai) leurs décisions, ni le pourquoi des choses sans donner l'occasion à d'autres voix de dire leur vision des faits et versions de ces choses. L'information, un droit constitutionnel, a ainsi de tout temps fait l'objet de tentatives d'encadrement de la part des autorités. Or, dans le jeu politique, le contrôle de l'information, à l'instar de celui du fichier électoral et du découpage électoral, est un des atouts de la stratégie d'accès et de conservation du pouvoir. Un citoyen informé, est un homme capable d'assumer ses choix et d'élire ses représentants en toute conscience. Le libre accès aux médias donnerait aux hommes politiques d'expliquer leur programme politique, de présenter d'autres alternatives de pouvoir, comme de maintenir le dialogue et le lien indispensable entre les citoyens, les gouvernants et ceux qui aspirent à gouverner. Dès lors que l'information circule à sens unique, il y a quelque part maldonne. C'est dire donc l'importance de l'information et singulièrement l'accès aux sources d'information qui constituent la norme de l'Etat de droit. Or, le contrôle drastique que le pouvoir exerce sur le flux de l'information est à contre-courant du droit de savoir du citoyen. Certes, cette situation n'est ni propre ni particulière à l'Algérie et est notamment le fait de pouvoirs autoritaires n'admettant ni la contradiction ni, a fortiori, une liberté de ton à laquelle, le moins qui puisse être dit, ils sont totalement allergiques. C'est dire la mésintelligence presse-pouvoir qui fait obstacle à l'instauration d'un climat de confiance nécessaire à la restauration de l'Etat de droit et à la construction de la démocratie. Les réformes? Oui! Mais il faut encore savoir par quoi commencer..