D'après Djiar, “les autorités n'ont jamais été contre l'ouverture du secteur audiovisuel”. Etonnante assertion de la part d'un ministre qui a toujours écarté toute idée d'ouverture de la télévision au motif que l'expérience de la presse écrite privée a été négative. Ce qui est tout à fait cohérent pour un régime qui cultive le discours unique. Pas plus tard que le 17 janvier dernier, à l'occasion de la sortie d'une promotion de techniciens de la Télédiffusion algérienne (TDA), le ministre de la Communication a solennellement réitéré ce qui est son credo : “L'ouverture de l'audiovisuel n'est pas à l'ordre du jour”, a-t-il répété. Dans les journées qui se déroulent à l'Assemblée nationale sur les relations entre le Parlement et la presse, c'est finalement Amar Saïdani, président de l'APN, qui a eu la formule la plus juste : “La presse et l'APN ont une relation de besoins.” Conception utilitaire des rapports entre la presse et le pouvoir qui rend compte de la vérité des choses. Toute institution politique a besoin d'une existence médiatique et tout média a besoin de prétextes événementiels pour exister. Chacun n'en pense pas moins, mais ces journées se déroulent dans une atmosphère conviviale entre une presse dont le harcèlement judiciaire, inauguré par une certaine réforme parlementaire du code pénal, connaît à peine un début de relâchement. En présence de représentants de la Conférence nationale des législatures des Etats-Unis d'Amérique (NSCL,) qui font mine de se retrouver en terrain parlementaire et médiatique ordinaire, nos délégués parlementaires, responsables politiques et “experts” médiatique s'adonnent à d'aimables échanges de bons procédés sur la liberté d'expression, le droit à l'information, l'accès aux sources, etc. La presse privée n'a pourtant que l'alternative d'affronter la répression ou d'assumer le clientélisme ; la presse publique subit le détournement d'un service public à des fins de pouvoir. Que des Américains enjambent cette réalité, c'est peut-être pour poursuivre la naturelle tâche de lobbying. Mais que le discours sur l'état de la relation presse-pouvoir, en général, et presse-Parlement, en particulier, confine soudain à la sympathie a quelque chose d'emprunté. C'est vrai qu'il n'y a pas de presse et qu'il y a des presses. C'est peut-être la raison pour laquelle aucun journaliste ni éditeur ne peuvent s'exprimer au nom de la presse sans prendre le risque de renforcer la confusion qui aide à l'étouffement de l'expression. La liberté de presse est un enjeu, au demeurant largement contesté par le pouvoir. Ce qu'il en reste aujourd'hui, c'est la multiplicité des titres de la presse écrite, fait accompli que le régime n'a pas pu radicalement remettre en cause pour des raisons qui ne tiennent pas à sa conception actuelle de la communication sociale. Largement parasité par les interventions économiques et la répression judiciaire, l'état de la presse, malgré la pluralité des titres, est significatif de la nature autoritaire du pouvoir politique. De même que la pluralité des partis ne peut dissimuler le verrouillage du champ politique. Les libertés n'existent pas parce qu'on en parle, mais parce qu'on les pratique. M. H. [email protected]