La ville rebelle syrienne de Hama, entre manifestations et répression A New York, le Conseil de sécurité de l'ONU a échoué mardi soir, pour le deuxième jour consécutif, à s'accorder sur une position commune sur la répression en Syrie. Des centaines de chars de l'armée syrienne entouraient mercredi plusieurs villes du pays touchées par la contestation, alors que les Nations unies ne parviennent toujours pas à s'entendre sur une résolution condamnant le régime du président Bachar Al Assad. «Il y a une centaine de chars et transports de troupes sur la route qui conduit au centre de Hama (centre) et environ deux cents près de Deir Ezzor (est)», a dit Rami Abdel Rahmane, président de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (Osdh), une ONG installée en Grande-Bretagne. Il a précisé que toutes les communications téléphoniques et l'Internet ont été coupés dans Hama et sa région. Deux personnes ont été tuées mardi soir lorsque les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des manifestants dans la ville de Raqqa (nord) et une troisième dans la ville côtière de Jableh, a-t-il ajouté. Des explosions étaient entendues dans la ville de Hama et plusieurs quartiers sont la cible de bombardements. «D'après ce qu'on entend, c'est une véritable guerre», a dit un militant sous couvert de l'anonymat. Ces informations n'ont pas pu être vérifiées de source indépendante, la presse internationale ne pouvant se déplacer en Syrie. A New York, le Conseil de sécurité de l'ONU a échoué mardi soir, pour le deuxième jour consécutif, à s'accorder sur une position commune sur la répression en Syrie. Les puissances européennes ont distribué un nouveau projet de résolution sur la Syrie, mais des diplomates ont indiqué qu'il n'était guère différent d'un texte précédent rejeté il y a deux mois. Des diplomates ont indiqué que des progrès avaient été effectués, mais que des divisions persistaient entre les 15 membres du Conseil. Les diplomates doivent consulter leurs capitales respectives et reprendre les discussions hier. La Russie et la Chine, deux des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, ont menacé de bloquer le passage d'une résolution, tandis que le Brésil, l'Inde et l'Afrique du Sud ont fait savoir qu'ils étaient contre une résolution ou une déclaration. Evoquant les violences meurtrières, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a estimé que Bachar Al Assad avait «perdu toute humanité». La situation semble particulièrement critique à Hama où l'armée et les forces de sécurité ont lancé dimanche une vaste offensive, tuant plus d'une centaine de manifestants. Hama, ville rebelle à 210 km au nord de Damas, avait été le théâtre d'immenses manifestations contre le pouvoir ces dernières semaines. Cette ville était déjà un symbole de la lutte contre le régime depuis la répression en 1982 d'une révolte des Frères musulmans, qui avait fait 20.000 morts. L'agence officielle syrienne Sana accuse des «gangs terroristes armés» de semer le trouble dans la ville et de terroriser les habitants, justifiant l'intervention des forces de l'ordre et de l'armée pour mettre fin à leurs agissements. Les militants des droits de l'homme affirment de leur côté que les autorités mènent une féroce répression contre des manifestants désarmés. «Nous pressons les citoyens d'ignorer les rumeurs et confirmons que l'armée travaille à rétablir l'ordre dans les villes où ces groupes agissent», a indiqué Sana. La télévision officielle syrienne a diffusé des images de corps jetés d'un pont dans une rivière, affirmant qu'il s'agissait de ceux de membres des forces de sécurité tués par des manifestants anti-régime. Des militants des droits de l'homme ont toutefois contesté cette version en indiquant qu'il s'agissait de corps de manifestants tués par l'armée. Depuis le début de la contestation le 15 mars, plus de 1600 civils ont été tués, selon l'Osdh. Près de 3000 personnes sont portées disparues et quelque 12.000 ont été emprisonnées en quatre mois et demi de révolte, d'après les ONG. Malgré la répression, les militants ont affirmé sur leur page Facebook leur volonté de manifester «tous les soirs après (les prières du) Tarawih, pour riposter» au régime.