Des centaines de chars de l'armée syrienne se sont déployés autour et dans les villes de Deir Ezzor, Homs et Hama, notamment. Sur le terrain, environ 250 chars et plusieurs véhicules militaires de l'armée syrienne se sont déployés dans plusieurs villes. C'est le flou total. Les analystes les plus informés se disent dépassés par les évènements en Syrie. A ne rien comprendre! Depuis le début des contestations, chaque massacre et chaque répression sanglante sont suivis, le lendemain, de concessions politiques ou d'annonces de réformes qui vont dans le sens des revendications du peuple. Or, massacre et concessions politiques ne vont pas ensemble. C'est justement dans le but de faire taire les revendications du peuple que les chefs d'Etat recourent à la violence. Mais dans ce cas bien précis, aucune logique ne tient la route. Un paradoxe poignant. Effecti-vement, la répression qu'a vécue le peuple syrien, au premier vendredi du mois de Ramadhan, a incontestablement marqué les esprits. La répression sanglante qu'a subie le peuple syrien fait encore écho dans les milieux internationaux. Outré et choqué par ce massacre à ciel ouvert, représentants et chefs d'Etat russe, français, américains, argentin et koweïtien ont tous condamné, dès vendredi, les dépassements flagrants du président Bachar Al Assad à toutes les règles d'éthiques. Suite à ces évènements, le président Al Assad a, dans le but de calmer les esprits, dans un premier temps, commencé par promulguer, dès jeudi, un décret autorisant le multipartisme, annonçant dans la foulée des élections législatives avant la fin de l'année. Longtemps silencieuses, les monarchies du Golfe ont exhorté, hier, la Syrie à mettre fin à l'effusion de sang et à entreprendre de sérieuses réformes, au lendemain de la mort de 22 personnes tuées par les forces de sécurité lors de nouvelles manifestations contre le régime du président Al Assad. Le Conseil de coopération du Golfe (CCG) a appelé, dans un communiqué, Damas à mettre fin dans l'immédiat à la violence (...) et à l'effusion de sang. Le CCG (Arabie Saoudite, Koweït, Bahreïn, Emirats arabes unis, Oman et Qatar), a aussi appelé à «la raison et à l'introduction de sérieuses et nécessaires réformes protégeant les droits et la dignité du peuple (syrien) et répondant à leurs aspirations», ajoute le texte. Suite aux fermes condamnations de la communauté internationale, le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid al-Mouallem, a déclaré hier, lors d'une rencontre avec les ambassadeurs à Damas, que l'élection d'un nouveau Parlement se tiendra «avant la fin de l'année», affirmant qu'il s'agira d'élections libres et trans-parentes par le biais du multipartisme politique autorisé par la loi des partis et les multiples garanties qu'offre la loi électorale. Le ministre a souligné «l'attachement du pouvoir syrien à la poursuite du processus des réformes et l'application des mesures annoncées par le président Al Assad», selon Sana. Parallèlement, sur le terrain, plusieurs centaines de chars (environ 250) et de véhicules militaires de l'armée syrienne se sont déployés, hier, à Deir Ezzor (est) et autour de Homs (centre), a indiqué Rami Abdel Rahmane, président de l'Obser-vatoire syrien des droits de l'Homme (Osdh). «Des coups de feu ont été tirés dans la plupart des quartiers de Homs dès 08h00 du matin» (05h00 GMT), a rapporté M. Abdel Rahmane, citant des militants contactés sur place. Cela dit, l'Osdh n'a pas été en mesure de communiquer des informations sur Hama, ville rebelle du centre du pays, où les autorités ont coupé les moyens de communication pour combattre les «bandes terroristes armées» à qui elles attribuent les troubles depuis le début, mi-mars, d'une révolte populaire inédite. Des dizaines de milliers de Syriens ont manifesté dans plusieurs villes, appelant la communauté internationale à les soutenir alors que la répression de la contestation par le régime se poursuit. Au moins 2038 personnes, dont 389 militaires et agents de sécurité, ont péri en Syrie depuis le début du soulèvement à la mi-mars contre le régime du président Assad, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (Osdh).