Des navires de guerre ont participé dimanche à une attaque contre la ville côtière syrienne de Lattaquié qui a fait au moins dix morts et 25 blessés, a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'homme. Selon l'organisation, des navires de guerre et des chars tiraient sur le quartier d'al-Raml al-Jounoubi à Lattaquié, théâtre ces derniers jours de manifestations massives réclamant la chute du régime syrien, confronté depuis près de cinq mois à un mouvement de contestation inédit. Samedi matin, une vingtaine de blindés s'étaient regroupés à al-Raml al-Jounoubi, et les habitants, redoutant une offensive, avaient fui en nombre. Selon l'OSDH, deux civils, dont un jeune homme de 17 ans, avaient été tués à Lattaquié samedi, et des manifestations à l'issue de la prière nocturne des Tarawih dans cette ville avaient essuyé des tirs des forces de sécurité. Hier matin, de fortes explosions ont été entendues dans différents quartiers de la ville, a annoncé l'OSDH, un organisme basé en Grande-Bretagne et s'appuyant sur les témoignages de militants sur place. Les forces de sécurité ont fait usage de lance-roquettes dans le quartier al-Sakentouri et un enfant a été blessé dans le quartier voisin de Boustane Saydaoui, a ajouté l'OSDH. Parmi les victimes, l'OSDH a recensé des Syriens mais aussi des Palestiniens. Le quartier visé par l'offensive abrite en effet le camp d'al-Ramal, où vivent de nombreux Palestiniens. De leur côté, les Comités de coordination de la Révolution syrienne ont affirmé que plus aucun train ne circulait en direction et en provenance de Lattaquié. En outre, l'armée et les forces de sécurité syriennes sont entrées dans la nuit de samedi à dimanche dans les banlieues damascènes de Sakba et Hamouriya et ont procédé à de nombreuses arrestations, selon la même source. Des tirs nourris ont été entendus dans ces deux localités. Dans les faubourgs de la capitale comme à Lattaquié, les habitants étaient toujours coupés du monde hier, l'armée recourant de plus en plus fréquemment à des coupures des communications téléphoniques et de l'internet. Dans un communiqué publié hier, six ONG de défense des droits de l'Homme ont appelé à la libération «immédiate» d'Abdel Karim Rihaoui, président de la Ligue syrienne des droits de l'Homme et source importante d'informations pour la presse étrangère, dont les mouvements dans le pays sont très limités. Sur le plan diplomatique, le président Barack Obama a à nouveau évoqué sa préoccupation samedi, s'entretenant au téléphone avec deux de ses alliés, le roi Abdallah d'Arabie saoudite et le Premier ministre britannique David Cameron. Les trois dirigeants ont exigé un arrêt «immédiat» des violences. M. Obama et le roi Abdallah «sont tombés d'accord sur le fait que la brutale campagne de violences du régime syrien contre son peuple devait cesser immédiatement», a indiqué la Maison Blanche dans un communiqué. MM. Obama et Cameron ont appelé à «mettre fin immédiatement au bain de sang» en Syrie, soulignant «la nécessité de répondre à l'exigence légitime de transition démocratique exprimée par le peuple syrien», selon un autre communiqué. Le Conseil de sécurité de l'ONU doit tenir jeudi une réunion spéciale qui sera consacrée aux droits de l'Homme et à l'urgence humanitaire en Syrie. Depuis le début du mouvement de contestation le 15 mars en Syrie, près de 1800 civils ont été tués ainsi que plus de 400 membres des forces de l'ordre, selon un décompte de l'OSDH.