Les autorités n'ont qu'une phrase à la bouche: «Introduisez des recours.» L'affichage de la liste des prébénéficiaires de la première tranche des 1000 logements sociaux de la commune de Béjaïa n'a pas été sans provoquer des demandeurs qui n'ont pas été retenus. Ces derniers ont immédiatement réagi contre leur «exclusion» en dressant des barricades sur le boulevard de la liberté qui jouxtent le siège de la daïra et celui de l'APC. La prompte intervention du chef de daïra a certes permis le retour au calme, mais ce n'était que provisoire. La tension, qui a baissé d'un cran après l'annonce d'une deuxième liste relative à 500 logements sociaux, est vite remontée dans la soirée à la faveur de l'intervention radiophonique du wali. Ce dernier a reconnu implicitement ce que redoutaient les manifestants lorsqu'il déclara: «Nous pouvons nous tromper sur certains cas». Sur les listes de 507 prébénéficiaires, la marge d'erreur représenterait près de 40%. Un taux d'erreurs énormes pour une commission qui a pourtant pris tout son temps pour élaborer la liste finale de prébénéficiaires. Conséquemment, les demandeurs aux nombres de 7000 se sont rués cette fois-ci devant le siège de la wilaya comme pour dire: «Nous avons reçu votre message Monsieur!». Un sit-in est alors organisé durant toute la nuit de mardi à mercredi. «Cette première liste, qui n'est pas définitive, a été établie selon des règles rigoureuses. Elle a pris en compte les habitants de la ville de Béjaïa, l'ancienneté du dépôt de dossier et retenu des candidats de toutes les franges sociales, dont 12 célibataires», a précisé dans la matinée, le chef de daïra. «Non»!» rétorque Mme Medjebar, qui parle dans une lettre de recours d'un dépôt de dossier qui remonte à l'année 1977 sous le numéro 1919. «Chaque fois qu'il y a un quota de logement à distribuer je réactualise mon dossier», explique-telle. Mme Medjebar accuse les membres de la commission d'avoir sciemment égaré son dossier. «Si je ne figure pas sur la liste, ce n'est pas parce que je ne mérite pas mais parce que mon dossier n'a même pas été étudié», accuse-t-elle, mettant en exergue toute les démarches effectuées en vain. «Aujourd'hui je suis menacée d'expulsion; je dois remettre les clés au propriétaire du logement que j'ai loué avec mes 5 enfants adultes depuis des années». Comme elle de nombreux demandeurs étaient hier en colère. Chacun y va de sa version des faits. Saïd dénonce le fait qu' un jeune de 24 ans bénéficie d'un logement alors que lui et ses sept enfants en soient exclus. Selon les explications fournies par l'administration de la daïra, la priorité a été accordée à tous ceux dont les habitations menacent ruine. Il en est de même pour les familles en instance d'expulsion ou celles se trouvant dans des situations pénibles de recasements prolongés, comme les résidents du plateau Amimoun. Le chef de daïra a rappelé les voies de recours réglementaires. «La commission de recours de wilaya les étudiera et s'il y a des indus bénéficiaires avérés, ils seront a-t-il précisé.