Abou Mazen a entamé sa première tournée internationale depuis son accession au Premier ministère. Le Premier ministre palestinien, Mahmoud Abbas, qui était hier à Amman, après avoir eu, lundi, des discussions au Caire, avec le président égyptien Hosni Moubarak, sera à Washington vendredi pour conclure son périple par une escale au Maroc, sans doute dimanche. Entre-temps, la rencontre ayant réuni, dimanche dernier, Mahoud Abbas avec son homologue israélien, Ariel Sharon, s'est achevée en queue de poisson, les positions des deux hommes demeurant assez éloignées, notamment pour ce qui est de l'élargissement des détenus palestiniens et la levée du siège imposé au président Arafat. Toutefois cet échec était prévisible, d'autant plus que les Israéliens n'ont jamais caché qu'ils appliqueront, la «feuille de route» de façon sélective et, autant que faire se peut, dans la seule perspective de conforter, voire pérenniser, le statu quo actuel des territoires palestiniens, comme en fait foi la dernière résolution de la Knesset (Parlement israélien) qui ne reconnaît pas le caractère «d'occupés» aux territoires palestiniens. Aussi, le premier voyage de Mahmoud Abbas aux Etats-Unis revêt-il une importance significative pour les Palestiniens qui tiennent à ce que Washington ait une position équilibrée et, aussi, exerce des pressions sur Israël pour amener l'Etat hébreu à honorer ses engagements envers le processus de paix. C'est ce qu'a affirmé, hier au Caire, Abou Mazen qui a été reçu par le président égyptien Hosni Moubarak. Parlant de sa prochaine rencontre avec le président américain, George W.Bush, Mahmoud Abbas indique en effet: «Je vais essayer de faire valoir auprès des autorités américaines le point de vue palestinien, leur demandant d'exercer des pressions sur Israël pour exécuter ses engagements et (...) appliquer la ‘'feuille de route''.» «Toutes les demandes du peuple palestinien, telles que la libération des prisonniers, la levée du bouclage (par l'armée israélienne d'occupation des territoires palestiniens), vont être évoquées avec les Américains», a encore indiqué M.Abbas. Revenant sur le vote de la Knesset, le Premier ministre palestinien a dit que la résolution votée par le parlement israélien «...est une mesure raciste qui contrevient à tous les accords signés avec les Israéliens, dont les accords d'Oslo (1993) stipulant que la Cisjordanie et la bande de Gaza sont des terres arabes. C'est une décision provocante et illégale». Abou Mazen n'a pas manqué, en revanche, de faire part de sa satisfaction quant au respect observé par la trêve, indiquant: «Ce qui est important pour nous, c'est la trêve sur laquelle nous nous sommes mis d'accord avec les groupes palestiniens et le fait que tout le monde la respecte.» Ce qui constitue un atout appréciable et important pour Mahmoud Abbas lors de ses discussions avec le président Bush. La trêve observée par les Palestiniens démontre que la paix ne peut se faire qu'avec les Palestiniens et singulièrement avec ceux qui se battent. Les Palestiniens respectent leurs engagements, or, a contrario, Israël met cette période de répit à profit pour construire un mur de sécurité englobant de larges parcelles des territoires palestiniens et isolant de nombreux villages palestiniens pris en sandwich entre les colonies juives au nord de la Cisjordanie. Ce qui n'est pas nouveau, Israël ayant toujours profité des accalmies pour consolider sa présence dans les territoires palestiniens. Avant de rejoindre Washington, Mahmoud Abbas était hier à Amman où il eut des entretiens avec le roi hachémite Abdallah II. A son retour des Etats-Unis, Abou Mazen fera un détour par le Maroc où il évoquera avec le roi Mohammed VI la «réunion urgente» du Comité Al Qods, dont le Maroc assure la présidence, demandée par le président Arafat.