Candidat favori à l'élection à la présidence de l'Autorité palestinienne, Abou Mazen est entré en campagne. «N'importe où, quand il veut» affirme Sharon, «où il veut, à n'importe quel moment» renchérit Abbas. Le ton est à l'apaisement, sinon à l'amabilité entre Israéliens et Palestiniens qui se disent prêts à se rencontrer sans condition, s'accordant même sur le principe d'une entrevue entre le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, et le probable futur président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Ainsi, dans un entretien séparé au magazine américain, Newsweek dans son édition d'hier, Sharon et Abbas ont affirmé leur disponibilité à se rencontrer. Mais à l'évidence une telle rencontre inévitable, -dans le cadre de recherche de la réactivation du processus de la Feuille de route (plan de paix international) - ne peut raisonnablement se tenir avant les élections et surtout, comme le précise Mahmoud Abbas, avant «la remise en ordre de la maison Palestine».Ce qui semble avoir changé, depuis la disparition du président Arafat le 11 novembre dernier, est l'approche qui est faite par les uns et les autres, du conflit israélo-palestinien et des efforts faits, - du moins en l'état actuel de la situation dans les territoires palestiniens occupés -, en vue du bon déroulement des élections du 9 janvier qui sont vitales pour le futur des rapports entre Palestiniens et Israéliens. C'est sans doute conscients du fait que les deux parties naviguent sur une corde raide, que Palestiniens et Israéliens semblent avoir mis en sourdine leurs ressentiments réciproques, laissant la voie ouverte à toutes les initiatives propices à conforter au retour à des négociations directes, seule alternative donnant de résoudre le contentieux israélo-palestinien. C'est dans ce contexte quelque peu particulier que le président de l'OLP, Mahmoud Abbas (alias Abou Mazen), a entamé une large campagne d'explication et de consultation avec les principaux partenaires des Palestiniens. Ainsi, M.Abbas était dimanche au Caire où il a rencontré, outre le président Hosni Moubarak, avec lequel il eut des entretiens sur les perspectives de l'après-Arafat, le chef de la diplomatie égyptienne, Ahmed Aboul Gheit et le chef du renseignement égyptien, le général Omar Souleimane, avec lesquels il a fait le point sur la situation avant leur visite demain en Israël. En effet, ces deux responsables égyptiens seront demain à Tel-Aviv et sont porteurs d'un message des Palestiniens aux Israéliens. Ainsi, selon le porte-parole de la présidence égyptienne, Magued Abdel Fatah, MM. Aboul Gheit et Souleimane vont réitérer face aux Israéliens les demandes palestiniennes, notamment «appliquer la Feuille de route (le dernier plan de paix international pour le Proche-Orient), améliorer les conditions de vie dans les territoires occupés, permettre aux candidats de circuler librement et permettre aux habitants de Jérusalem-Est de voter». M.Magued Abdel Fatah a par ailleurs indiqué que la préservation de «l'unité des Palestiniens, empêcher l'irruption de divergences internes et appuyer le déroulement pacifique du processus électoral», ont été au centre des entretiens de M.Moubarak avec la délégation palestinienne qui comprenait notamment Mahmoud Abbas, le Premier ministre Ahmed Qorei et le président par intérim de l'Autorité palestinienne, Rawhi Fattouh. La délégation palestinienne était hier à Amman où elle rencontra les responsables jordaniens et sera le 6 décembre prochain à Damas, a annoncé M.Abbas à l'issue de ses entretiens avec le Premier ministre jordanien, Fayçal Al-Fayez. Au plan interne, M.Abbas semble désormais avoir les coudées franches après le ralliement à sa candidature des Brigades des Martyrs d'Al-Aqsa, groupe armé du Fatah, mais qui échappe en partie au contrôle du mouvement du président palestinien défunt, Yasser Arafat, jusqu'alors réticents à la candidature d'Abou Mazen, considéré comme un pacifiste, lequel appela à plusieurs reprises à mettre un terme à l'Intifadha. Dans un communiqué, les Brigades Al-Aqsa indiquent: «Nous annonçons notre engagement total à soutenir notre frère Abou Mazen qui, nous le pensons, accomplira la volonté du peuple palestinien», a indiqué ce groupe, qui échappe en partie au contrôle du Fatah. Ce ralliement, confirme le consensus électoral autour de Mahmoud Abbas qui a désormais toutes les chances de succéder à Yasser Arafat, surtout après le désistement du populaire chef du Fatah de Cisjordanie, Marwan Barghouthi, actuellement détenu en Israël, l'un des pères de la seconde Intifadha. Même les Israéliens ont adopté un profil bas, comme l'indique, sous le couvert de l'anonymat, un responsable israélien qui affirme: «Nous sommes aussi d'accord pour coordonner avec les Palestiniens l'organisation du scrutin, notamment pour les électeurs habitant à Jérusalem». Selon les médias israéliens, les troupes de l'Etat hébreu devraient notamment se redéployer hors des villes de Cisjordanie lors du scrutin et favoriser l'accès sur place d'observateurs internationaux.