«Didouche Mourad a averti les responsables de l'intérieur de ne plus compter sur Ben Bella» Selon le conférencier, «il y a toujours chez de hauts responsables de l'Etat des velléités contre le Congrès de la Soummam». Si l'histoire de la Guerre d'Algérie ne finit pas de nous fasciner, Ben Bella, lui, ne finit pas de nous étonner par ses comportements durant cette guerre. Encore un témoignage fracassant sur le premier président de l'Algérie indépendante, Ahmed Ben Bella. «Lorsque Didouche Mourad a demandé à la Délégation extérieure de fournir les armes aux maquis de l'intérieur, je vous confirme que M. Ben Bella est allé jusqu'à proférer des injures et des vulgarités à son égard», a révélé Abdelhafid Amokrane, hier, au forum El Moudjahid lors d'une conférence commémorative à la mémoire des chouhada Zighoud Youcef et Abane Ramdane. «C'est ainsi, a-t-il poursuivi, qu'à son retour, Didouche Mourad a averti les responsables de l'intérieur de ne plus compter sur Ben Bella ainsi que la délégation extérieure.» A certains membres de la délégation extérieure, qui ont toujours soutenu qu'ils n'étaient pas au courant du déroulement du Congrès de la Soummam, Abdelhafid Amokrane affirme qu'ils ont été officiellement contactés. «Cette délégation est la seule responsable de son absence à ce congrès», a-t-il attesté. Le conférencier n'a pas manqué de rappeler qu'il a souhaité à ceux qui enviaient la réussite du Congrès de la Soummam de regagner le chemin de la raison. Ahmed Ben Bella n'a jamais reconnu les résolutions du Congrès de la Soumam, notamment celle préconisant la primauté de l'intérieur sur l'extérieur. Selon le conférencier, «il y a toujours chez de hauts responsables de l'Etat des velléités contre le Congrès de la Soummam». Lors de cette rencontre commémorative de l'offensive du Nord-Constantinois (20 Août 1955) et du Congrès de la Soummam (20 Août 1956), animée conjointement par le moudjahid Ibrahim Chibout,, Abdelhafid Amokrane a axé son intervention essentiellement sur le Congrès de la Soummam. Il a restitué des souvenirs et développé certains détails souvent méconnus du grand public et qui ont jalonné l'histoire de la guerre de Libération nationale. Sur Zighoud Youcef, le conférencier a dit l'avoir connu pour la première fois lors du Congrès de la Soummam en 1956. «Je me rappelle qu'il était venu accompagné par Bentobbal avec lequel il participait aux réunions à huis clos du Congrès de la Soummam», se rappelle-t-il. «Zighoud Youcef était un grand homme par son silence etpar ses pensées», a témoigné M. Amokrane qui a a rappelé avoir créé avec le colonel Amirouche une cellule clandestine du CRUA, en mai 1954 à Paris. Abdelhafid Amokrane a rejoint la lutte de libération dès son déclenchement, en qualité de commissaire politique. Puis élevé au rang d'officier, après le Congrès de la Soummam, assiste le colonel Amirouche au niveau de la Wilaya III historique. Il a entrepris diverses missions, à l'intérieur et à l'extérieur de ladite wilaya, plus particulièrement dans les Aurès-Nememcha en 1959. Au lendemain de l'Indépendance, il assume plusieurs responsabilités politiques et administratives, au niveau national, entre autres: membre fondateur, en 1990, de la Fondation du 8 Mai 1945 avec l'ancien président du Sénat, le défunt Bachir Boumaza. Il a également dirigé le département des affaires religieuses durant la période allant de 1993 à 1994. Pour l'histoire, il écrit un livre Mémoires de combat.Un livre dans lequel il retrace les évènements les plus marquants de son histoire de militant et de moudjahid au cours de la Révolution armée.