Dellys, berceau de civilisations millénaires Dellys a connu une succession de civilisations: punique, romaine, berbère, arabo-musulmane, ottomane et française. Surchargée de monuments, d'inscriptions historiques et d'oeuvres d'arts, la ville de Dellys, dans la wilaya de Boumerdès, témoigne d'une prodigieuse mémoire plusieurs fois millénaire. Située à une trentaine de kilomètres, au sud-est du chef-lieu de la wilaya, la daïra de Dellys est connue pour être le berceau de nombreuses civilisations millénaires. En effet, celle-ci a connu par le passé une succession de civilisations relevant du pourtour méditerranéen - punique, romaine, berbère, arabo-musulmanes, ottomane et française - qui avaient laissé de nombreux cachets et témoignages historiques. Certains sont encore visibles à l'heure actuelle et d'autres seront peut-être à découvrir, selon les spécialistes en la matière. Toutefois, l'existence de la Casbah de Dellys, qui occupe une grande partie du paysage architectural du chef-lieu, reste aux yeux des spécialistes le noyau historique et principal de la ville de Dellys. La Casbah est faite d'un tissu architectural, un bâti ancien qui n'a pas laissé les pouvoirs publics sans réagir et sans témoigner plus d'intérêt à ce site dont la valeur est inestimable. Ainsi, la direction du ministère de la Culture a procédé récemment au classement de la Casbah de la ville de Dellys secteur sauvegardé, au même titre que la Casbah d'Alger. Le périmètre de sauvegarde va au-delà des limites de l'ancienne ville: il englobe la Casbah, la ville coloniale (extension de la ville européenne) et la ville moderne (extension de la ville européenne post-Indépendance). La ville de Dellys a été sérieusement touchée par le séisme du 21 mai 2003, lequel a causé l'effondrement total et partiel de certaines bâtisses, notamment celles de la Casbah. Ces effondrements ont été possibles, avons-nous constaté, du fait de l'ancienneté et la fragilité des bâtisses. Cependant, le contraire a été observé du côté des quartiers alentours où les dégâts sont minimes comparativement au noyau historique constituant la Casbah, à en croire Akrèsch, un architecte qui a été chargé de l'élaboration du plan d'urgence pour la prise en charge de la Casbah, entrant dans le cadre de la décision du ministère de la Culture d'inclure celle-ci comme périmètre sauvegardé. Selon lui, les premières constatations effectuées sur le terrain sont, entre autres, le mur de soutènement principal de la Casbah qui est dans un état de dégradation très avancé, voire menace de s'écrouler sur plusieurs endroits, et ce, du fait notamment de l'état d'abandon dans lequel elle se trouve depuis longtemps. Une végétation luxuriante pousse sur ces parois, fragilisant ainsi sa structure de base; des décombres d'habitation effondrées jonchent les ruelles de la vieille ville; d'autres habitations menacent également de s'écrouler à tout moment; les lieux de culte, la mosquée, l'école coranique de Sidi Amar et le mausolée de Sidi El-Harfi sont toujours dans leur état de dégradation après le séisme. Leur restauration, aux yeux de l'auteur du plan d'urgence, est une nécessité, et à cela s'ajoutent la prolifération des constructions illicites au niveau du périmètre en question et le phénomène des bidonvilles qui n'a pas épargné les lieux. L'interlocuteur a indiqué que même la prise en charge des lieux touchés, post-séisme, s'est faite de manière assez appréciable dans la partie dite européenne, contrairement au noyau historique, et ce, du fait de plusieurs facteurs, entre autres les quartiers de la Casbah sont dépeuplés, beaucoup de gens sont partis habiter ailleurs, les habitations sont très anciennes, souvent un héritage de plusieurs personnes ou de plusieurs familles. Quand l'habitation tombe en ruine, personne ne s'en soucie ou s'en occupe, selon M. Akrèsh. Il y a en outre l'inexistence d'instruments d'urbanisme adaptés à la construction à l'intérieur des centres anciens et qui a permis selon lui à certains propriétaires de reconstruire sans permis de construire et sans respect du cachet historique du lieu. Après la Casbah d'Alger, le ministère de la Culture vient de classer celle de Dellys comme périmètre sauvegardé. Cette démarche peut en effet sauver la cité millénaire de disparition, atteste Akrèsh, un architecte chargé de l'élaboration du plan d'urgence pour la prise en charge du site. Selon lui, les villes millénaires sont sur le plan de la qualité architecturale et urbanistique, bien meilleures que ce que nous produisons aujourd'hui. Et à titre illustratif, l'architecte citera l'exemple de la Casbah d'Alger et celle de Dellys, la vieille ville de Constantine ou la vallée du M'zab. Selon lui, pour conserver un cadre urbain et d'architecture ancienne et tout en permettant leur évolution harmonieuse au regard des exigences du contemporain, la création et la mise en valeur des secteurs sauvegardés est sûrement l'une des réponses possible à la précédente question.