Le gouvernement turc a ordonné ces bombardements le 17 août en riposte à une attaque des rebelles kurdes à la frontière irakienne de la Turquie et qui a coûté la vie à neuf membres des forces de sécurité. L'armée turque a annoncé hier que les raids aériens menés depuis plusieurs jours dans le nord de l'Irak ont tué près d'une centaine de rebelles kurdes, tandis que Massoud Barzani, président de cette région irakienne, a réclamé la fin des opérations turques. Le gouvernement turc a ordonné ces bombardements le 17 août en riposte à une attaque des rebelles kurdes à la frontière irakienne de la Turquie qui a coûté la vie à neuf membres des forces de sécurité. Ils marquent une nette escalade dans le conflit kurde, qui dure depuis que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a pris les armes en 1984 contre les forces d'Ankara et a fait quelque 45.000 morts. L'aviation turque n'avait pas bombardé les repaires du PKK en Irak depuis plus d'un an. Entre 90 et 100 rebelles kurdes ont été tués et 80 autres blessés dans les bombardements, a affirmé l'état-major dans un communiqué en ligne. Il s'agit d'un premier bilan fourni par l'armée turque sur ses bombardements de cibles appartenant au PKK dans la montagne irakienne. La Turquie estime à environ 2000 le nombre de rebelles retranchés dans cette zone. Le communiqué précise que 14 installations, 8 dépôts de vivres, un autre de munitions, neuf canons de DCA, 18 cavernes et 79 refuges ont été frappés lors des opérations qui ont visé un total de 132 cibles «soigneusement déterminés à l'avance grâce à une analyste méticuleuse pour épargner les zones de peuplement Civil». L'armée ajoute que si nécessaire, les raids aériens se poursuivront, en Turquie et à l'extérieur des frontières. Les rebelles ont nié avoir subi autant de pertes. «Seulement trois combattants du PKK ont été tués dans la province de Dohouk. Pour l'instant aujourd'hui il n'y a pas eu de raids. Tout est calme», a assuré Ahmet Deniz, un porte-parole du PKK en Irak. Le président de la région autonome kurde d'Irak s'est de son côté inquiété dans un communiqué publié lundi soir des pertes civiles et a dénoncé les opérations turques. «Je demande à la Turquie d'arrêter ces opérations (...) aucune action blessant les gens et détruisant leur propriété ne peut être justifiée», a souligné M. Barzani. Selon les autorités kurdes, sept civils, dont des enfants, ont été tués alors qu'ils tentaient de fuir les raids Depuis début juillet, les attaques du PKK en Turquie ont coûté la vie à une quarantaine de soldats et de policiers, poussant le gouvernement d'Ankara a adopter une ligne plus dure dans ce conflit malgré une initiative pro-kurde lancée en 2009 par le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan. Tôt hier, un groupe de rebelles a attaqué avec des fusils mitrailleurs un poste de gendarmerie à Ergani (sud-est de la Turquie), tuant un soldat et blessant trois autres, a-t-on indiqué de source de sécurité locale. La Turquie a adopté jeudi dernier une «nouvelle stratégie» qui prévoit, notamment de combattre les rebelles avec des troupes militaires entièrement professionnelles mais aussi avec des unités spéciales de la police, lourdement armées. Outre des opérations aériennes, depuis le début des années 1990, l'armée turque a mené plusieurs incursions terrestres dans le nord de l'Irak pour pourchasser les rebelles dont la dernière, longue de huit jours, remonte à 2008. Les Etats-Unis, alliés de la Turquie au sein de l'Otan et qui considèrent le PKK comme un mouvement terroriste, fournissent généralement des renseignements aux Turcs sur le PKK en Irak.