Des diplomates des pays membres du Groupe de contact se réuniraient demain à Istanbul. Mahmoud Jibril, président du conseil exécutif du Conseil national de transition se rend aujourd'hui à Paris. Il s'était entretenu dès avant-hier au téléphone avec le président français, Nicolas Sarkozy. A l'ordre du jour de cette rencontre, l'organisation d'une réunion des ministres du Groupe de contact. Après que l'Otan ait fait la guerre a la place des rebelles, c'est vraisemblablement la France qui compte prendre le relais pour préparer l'après El Gueddafi! «La France souhaite que la communauté internationale anticipe et accompagne les nouvelles autorités libyennes. Nous proposons une réunion extraordinaire du Groupe de contact au plus haut niveau dès la semaine prochaine pour fixer ce nouveau plan d'action aux côtés des autorités libyennes», a déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé. Le ministre a souhaité un fort engagement de l'ONU pour préparer l'après-El Gueddafi, ainsi que de la Ligue arabe, de l'Union africaine, de l'Union européenne et des Etats-Unis. Mais, a-t-il souligné, «il appartient aux Libyens seuls de choisir (leur) avenir». «C'est à Paris que nous souhaitons accueillir nos partenaires du Groupe de contact pour cette réunion exceptionnelle qui devrait fixer une sorte de feuille de route pour permettre cette construction de la Libye nouvelle», a déclaré Juppé. La France, a-t-il dit, n'a pas de certitude sur le sort du dirigeant libyen mais son régime est désormais moribond. «C'est fini», a estimé le chef de la diplomatie française lors d'une brève intervention au Quai d'Orsay. Soucieuse de faire tomber le régime d'El Gueddafi, la France n'a jusque-là reculé devant rien pour atteindre ses objectifs. Se faisant tout petits après le scandale des fausses informations émises, les principaux responsables politiques de la rébellion libyenne étaient très embarrassés et se refusaient hier à tout commentaire sur Seif al-Islam et Mohammed, deux des fils du colonel Mouamar El Gueddafi, dont ils avaient annoncé l'arrestation (fictive) la veille à Tripoli. La seule activité enregistrée après cette bévue, était la conférence de presse tenue hier dans la matinée, par le président du CNT, Moustapha Abdeljalil, à l'occasion de la visite du ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu. De son côté, Washington a annoncé lundi soir que des diplomates de haut rang des pays membres du Groupe de contact se réuniraient jeudi à Istanbul pour «coordonner les prochaines étapes» et qu'une décision serait prise à cette occasion sur l'offre française d'organiser une réunion des ministres du Groupe la semaine prochaine. Le Groupe de contact, créé à Londres le 29 mars, comprend une trentaine de pays et plusieurs organisations internationales dont l'ONU, l'UE et la Ligue arabe. Le CNT «aura besoin que la communauté internationale l'accompagne, l'aide, et nous sommes déterminés à nous engager à ses côtés», a assuré Alain Juppé, soulignant que la France avait été la première puissance à reconnaître sa légitimité. Plusieurs responsables français ont rappelé la détermination de la France et son engagement pour aider le peuple libyen à se libérer en participant aux frappes aériennes déclenchées mi-mars avec la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, puis poursuivies sous commandement de l'Otan. «La France a pris des risques, comme elle en a pris en Côte d'Ivoire. Ces risques étaient évidemment calculés. La cause que nous défendions était juste dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies», a insisté Alain Juppé. Avec l'ouverture d'une période d'incertitudes dans ce riche pays pétrolier, le patron de l'ONU Ban Ki-moon a convoqué un sommet sur la Libye. Le Groupe de contact se réunira demain à Istanbul et un sommet du Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine est prévu vendredi à Addis Abeba. Reconnaissant que la victoire des insurgés «n'est pas complète» le chef de la diplomatie française Alain Juppé a affirmé qu'il fallait «que l'Otan soit toujours en alerte pour aller au bout de cette opération». Devant un tel acharnement et un tel engagement de la part du gouvernement français, on se demande si la révolution est dirigée par les Libyens ou par les Français?