Un autre jour sanglant a marqué hier la prière du vendredi, comme cela se fait en Syrie depuis plus de cinq mois lors de manifestations contre le régime de Bachar Al Assad. Quatorze personnes ont été tuées lors du vendredi de la «mort plutôt que l'humiliation» en Syrie où des dizaines de milliers de manifestants bravaient le régime, à nouveau visé par l'Union européenne qui a décrété un embargo sur les importations de pétrole en provenance de Syrie. La décision européenne risque d'avoir de lourdes conséquences pour l'économie syrienne, car l'UE achète 95% du pétrole exporté par la Syrie. Malgré tout, les autorités ont poursuivi leur politique de répression. Au moins 14 civils ont été tués par les forces de sécurité syriennes qui dispersaient des manifestations à travers le pays, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (Osdh) «Huit personnes ont été tuées aujourd'hui (hier) quand les forces de sécurité ont tiré pour disperser des manifestations à Erbine, Kfarbatna, Douma et Hammouriyé», des villes dans la région de Damas, tandis que trois personnes ont été tuées à Homs (centre) et à Talbissé (province de Homs) et deux à Deir Ezzor (est), selon l'Osdh. En outre, «des tirs nourris visaient tout ce qui bougeait ou toute personne qui sortait de chez elle dans le quartier de Bab el-Sbaa, à Homs», dénonce l'Osdh. Sous le mot d'ordre «la mort plutôt que l'humiliation», des dizaines de milliers de Syriens ont manifesté hier contre le régime en place à nouveau visé par l'Union européenne qui a décrété un embargo sur ses importations de pétrole en provenance de Syrie. La décision européenne risque d'avoir de lourdes conséquences pour l'économie syrienne, car l'UE achète 95% du pétrole exporté par la Syrie. Malgré tout, les autorités ont poursuivi leur politique de répression. Au moins trois personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées lorsque les forces de l'ordre ont ouvert le feu pour disperser des manifestations, selon des chiffres fournis par des militants des droits de l'homme. Les militants ont tenu à souligner que leurs manifestations sont «pacifiques», en réponse au régime qui, depuis le début de la révolte le 15 mars, refuse d'admettre l'ampleur de la contestation et attribue les violences à des «groupes terroristes armés». «Nous sommes prêts à mourir par millions en martyrs», ont-ils écrit sur leur page Facebook «Syrian revolution». Un autre groupe animant les protestations, les Comités locaux de coordination (LCC), a affirmé que les manifestations se poursuivraient «tous les jours jusqu'à la chute du régime». Les manifestations dans ce pays se déroulent en général à la sortie des mosquées après la prière et sont régulièrement réprimées. Des rassemblements ont lieu quasiment quotidiennement, mais le vendredi, jour de repos hebdomadaire, la mobilisation est plus forte. Des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue dans les régions de Damas, de Hama (centre), de Deraa (sud), de Homs (centre), dans la ville d'Amouda (nord-est) et à Deir Ezzor (est), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) et les LCC. Les forces de sécurité ont ouvert le feu pour disperser les manifestants. Deux personnes, dont une adolescente de 16 ans, ont été tuées dans la localité d'Erbine, dans la région de Damas, ou au moins trois autres personnes ont été blessées, a rapporté l'Osdh. Une troisième personne a péri à Talbissé, dans la région de Homs, où la mobilisation contre le régime a été particulièrement forte, a ajouté l'organisation. Il n'a pas été possible de vérifier ces informations sur le terrain, le régime limitant fortement les déplacements des médias étrangers. Jeudi, neuf personnes, dont un enfant, avaient été tuées lors de manifestations antirégime et d'opérations des forces de l'ordre dans le pays, selon des militants. Confronté à une révolte qui se contentait au début de réclamer des réformes démocratiques, le président Assad, qui gouverne le pays d'une main de fer, a choisi la répression tout en promettant des réformes. Mais les opposants, disant douter désormais de sa crédibilité, ont commencé à exiger son départ. Selon l'ONU, les violences dans le pays ont fait au moins 2200 morts depuis la mi-mars, en majorité des civils, et selon les militants, plus de 10.000 personnes ont été arrêtées. Mais les Etats-Unis et l'Europe ne parviennent toujours pas à bâtir un consensus à l'ONU pour sanctionner Damas, essentiellement en raison de l'opposition de la Russie, alliée du régime syrien. La France, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Alain Juppé, a dit vouloir «développer» ses contacts avec l'opposition et souligné qu'elle ne «relâcherait» pas ses efforts contre la répression.