Les Tripolitains célébraient jeudi l'Aïd dans la liberté retrouvée Les nouveaux dirigeants libyens s'établissent peu à peu dans la capitale, Tripoli, dix jours après sa chute et la fuite d'El Gueddafi, qui reste introuvable. Voulant concrétiser leur pouvoir, les nouveaux dirigeants de la Libye ont annoncé leur installation prochaine à Tripoli de même que la formation d'une armée nationale. Même si le terrain reste miné et El Gueddafi introuvable, beaucoup estiment toutefois que la période de transition était enclenchée. Optimistes, certains membres du CNT estiment que la transition peut commencer parce que Mouamar El Gueddafi «se cache, il est isolé». C'est «seulement une question de temps avant qu'il ne soit arrêté, à moins qu'il ne soit tué s'il résiste», indique le représentant du CNT au Royaume-Uni, Jomaa al-Gamaty. Et pour preuve, le CNT ne se soucie plus du devenir d'El Gueddafi pour instaurer sa politique. D'autre part, la communauté internationale et le nouveau régime qui contrôle la majeure partie de Libye estiment que le conflit ne sera vraiment achevé qu'avec la capture de l'ex-homme fort du pays, qui reste introuvable, tout en disant sa disponibilité à continuer de se battre, justifiant par la même occasion la poursuite des opération militaires de l'Otan en Libye. Cherchant parallèlement à rétablir l'ordre et à reconstruire le pays ravagé par la guerre civile, le CNT, qui doit recevoir 15 milliards de dollars débloqués par les grandes puissances, a annoncé qu'il s'installerait «la semaine prochaine» à Tripoli, après avoir siégé à Benghazi (est) Autre directive prise au lendemain du succès de la conférence des «Amis de la Libye» à Paris, l'annonce de la formation d'une armée nationale. Alors que les forces de sécurité et de polices devaient reprendre le travail hier, le responsable des affaires militaires au sein du CNT, Omar al-Hariri, a indiqué que l'armée nationale libyenne était en train d'être reconstruite en tant que principal garant de la sécurité dans le pays. «Nous avons commencé la création d'une nouvelle armée nationale pour protéger la démocratie, les institutions et les civils innocents», a-t-il affirmé. «Nous voulons prouver au monde (...) que nous sommes très capables de reconstruire notre pays», a indiqué un autre responsable Abdel Razaq Moukhtar. Dans la capitale, l'heure est à la joie. Des dizaines de milliers de personnes, dont un très grand nombre de femmes, se sont rassemblées vendredi soir sur la Place Verte à Tripoli, symbole de l'ère El Gueddafi rebaptisée Place des Martyrs, pour célébrer la chute du régime. Sur le plan politique, le représentant du CNT au Royaume-Uni, Jomaa al-Gamaty a, dans un déclaration à la BBC, évoqué un calendrier pour la transition prévoyant des élections générales dans 20 mois. Durant huit mois, le CNT dirigera la Libye avant qu'une assemblée élue par le peuple ne prenne les commandes du pays pour rédiger une Constitution, et au bout d'un an, des élections seront organisées. Après avoir reconnu le CNT jeudi, le gouvernement russe invite les nouveaux dirigeants libyens à discuter à Moscou notamment des questions d'énergie, a déclaré hier à Douchanbe le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, cité par l'agence Interfax. Si au plan politique, les choses commencent à s'éclaircir, sur les terrains cela n'est pas aussi évident. Ainsi, sur le front Ouest, à Syrte, un objectif clé pour l'état-major du CNT, aucun nouveau élément n'est intervenu, alors que les forces du CNT étaient positionnées autour de Sadada, à environ 150 km à l'ouest de Syrte, selon des sources de la rébellion. En revanche, cette dernière a entamé un mouvement hier en provenance de Misrata (à 200 km à l'est de Tripoli) vers la région de Bani Walid, plus au sud où l'on suppose qu'El Gueddafi a pu y trouver refuge. Les troupes rebelles se sont regroupées autour de Bir Doufan, à mi-chemin entre Misrata et Bani Walid. L'Otan a annoncé vendredi des frappes contre les environs de Syrte, à 360 km à l'est de Tripoli et de Bani Walid, plus au sud, deux des derniers bastions pro-El Gueddafi. Hier, quelque 200 véhicules de combat des rebelles ont avancé en direction de Bani Walid. Aucun combat n'a été, toutefois, signalé hier. La sécurité au menu d'un sommet entre la Tunisie et la Libye Le Premier ministre tunisien Béji Caïd Essebsi a reçu hier matin à Tunis le numéro deux du Conseil national de transition (CNT) libyen, Mahmoud Jibril, afin d'évoquer la sécurité bilatérale. Selon Jibril cette rencontre a porté sur «la sécurité bilatérale dans la période actuelle qui revêt un caractère urgent...». Les responsables tunisiens et libyens ont, selon lui, plaidé pour «un dialogue entre les jeunes des trois peuples égyptien, libyen et tunisien afin de favoriser un nouveau discours entre ces jeunes pour la mise en place d'une plate-forme définissant les contours de leurs nouveaux Etats». Avant son passage en Tunisie, le numéro deux de la rébellion avait effectué une visite au Caire, a-t-il affirmé à la presse. «Nous sommes venus pour rendre hommage à la Tunisie, berceau des révolutions arabes, pour son soutien au peuple libyen», a souligné M. Jibril, accompagné dans sa visite par le porte-parole du CNT, Mahmoud Chammam et le ministre de la Justice libyen, Mohamed Allagui. Le général tunisien Rachid Ammar, chef d'état-major interarmées et le ministre de l'Intérieur, Habib Essid, ont assisté à cet entretien qui a duré 45 minutes. Le CNT libyen a été reconnu le 21 août par la Tunisie qui accueille toujours quelque 100.000 Libyens, qui sont répartis dans le pays et parfois hébergés par des familles tunisiennes.