Un pas de plus a été franchi par Rabat dans cette féroce campagne de calomnies à travers son agence de presse officielle qui a conclu que l'Algérie contrariait l'émancipation du peuple libyen. Quelle mouche pousse donc le Makhzen pour prendre en grippe l'Algérie? Les médias occidentaux donnent du grain à moudre pour le porte-voix du pouvoir marocain: la MAP. L'agence de presse officielle marocaine, aiguillonnée par le Makhzen, prend pour argent comptant tout ce qui cible et diabolise l'Algérie. Cela est fait sciemment. «Les agissements du pouvoir algérien pour contrarier l'émancipation du peuple libyen et l'attitude compromettante d'Alger dans le conflit libyen, confirmée par l'accueil de membres de la famille de Mouamar El Gueddafi, donnent la mesure des véritables desseins de l'Algérie et du rôle «négatif» de ce pays dans la région nord-africaine», peut-on lire dans une dépêche de la MAP datée du 2/09/2011: une bouillabaisse concoctée à partir d'une lecture d'articles de quotidiens occidentaux selon ce média de la presse écrite marocaine. «Le Guardian, The Independent ou encore le Daily Telegraph, publications connues et reconnues pour la rigueur de leurs analyses et commentaires, ont dénoncé le comportement du pouvoir algérien qui, en accueillant des membres de la famille du colonel libyen, s'est mis, comme l'a affirmé le Guardian, «du mauvais côté de l'histoire»», souligne MAP pour conforter son «analyse» et porter l'estocade. Il était donc inévitable de ne pas faire un détour par le Sahara occidental, seule préoccupation du pouvoir marocain. «L'Algérie, qui a créé, abrité et soutenu le Polisario, a perdu ce qui lui reste de crédibilité... diverses sources indépendantes ont indiqué que l'ancien régime libyen a recruté, avec la bénédiction d'Alger, plusieurs mercenaires dans les camps de Tindouf où sont abrités les mercenaires du Polisario dans le Sud-Ouest algérien. Entre 300 et 400 mercenaires polisariens ont combattu pour El Gueddafi», accuse l'agence de presse officielle du royaume qui cite un «grand spécialiste» de l'Algérie basé à Londres. Rien à craindre. Du côté d'Alger on est blindé. Il ne manquerait à la Libye post-El Gueddafi, paraît-il, que la voix algérienne pour acquérir une légitimité pleine et entière. Le Maroc a été commis d'office pour se faire son avocat. Rabat est en réalité, très loin de penser aux intérêts du peuple libyen. Sa reconnaissance du Conseil national de transition est calculée. Elle repose et passe par la question du Sahara occidental et le ralliement de l'organe politique de l'insurrection libyenne à son projet d'autonomie. Cette condition remplie, le trône alaouite a reconnu le CNT. Les choses donnaient pourtant l'impression de se présenter différemment, de manière plus réfléchie, voire pragmatique. Les Marocains ont-ils la mémoire courte? En effet, il y a à peine moins de deux mois, le Royaume chérifien s'était aligné clairement sur la position algérienne concernant le conflit libyen. Pour preuve. «La seule possibilité est celle d'une solution politique et certainement pas militaire», avait déclaré, le 15 juillet à Istanbul, le chef de la diplomatie marocaine. «La stabilité de la Libye influence la stabilité de la région sahélo-saharienne», avait précisé Taieb Fassi Fihri. Le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération pensait même que la crise libyenne était un facteur de déstabilisation pour le Maghreb. Ecoutons-le: «Le Maroc développe l'idée qu'il est important aujourd'hui, qu'une solution rapide soit trouvée non seulement pour l'intérêt du peuple libyen frère, mais aussi pour la sécurité dans toute la région», avait indiqué le patron de la diplomatie marocaine dans une déclaration à l'Agence de presse officielle marocaine MAP en marge de la réunion du Groupe de contact international sur la Libye. C'est tout simplement les thèses développées et la position défendue par le gouvernement algérien qui n'a pas l'habitude de retourner sa veste.