Dans leurs diatribes, les médias marocains accusent l´Algérie d´être la source de tous leurs maux. Le chameau ne voit pas sa bosse. Le front social marocain est en ébullition. Le mécontentement populaire s'intensifie. Des protestations contre la hausse des prix des produits de consommation courante auront lieu demain à Rabat et Casablanca. Ainsi au Royaume chérifien, on «plane» et on fantasme. Normal, le Royaume est le plus important producteur et exportateur de cannabis à l'échelle mondiale. Les profits tirés par les trafiquants atteignent 13 milliards de dollars par an, grâce à un secteur informel dont les superficies couvrent un revenu se situant entre 17 et 40% du produit intérieur brut (PIB). Le front social est sur un «pétard». Des vérités que le Makhzen ne cesse d'occulter. Alors, on détourne l'attention du peuple marocain des vrais problèmes. Qu'y a-t-il de mieux que le voisin de l'Est pour faire oublier aux Marocains la mal-vie? Ainsi, le Makhzen a donné instruction aux médias locaux de mener une campagne de dénigrement contre l'Algérie qu'il accuse de saborder les négociations de Manhasset. «L'Algérie tient à réitérer son attachement à une solution pacifique et juste de la question du Sahara occidental, conformément à la légalité internationale et à la doctrine des Nations unies en matière de décolonisation», soulignait encore jeudi le porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères dans une déclaration rendue publique à l'issue du quatrième round de négociations entre le Maroc et le Front Polisario, qui se sont tenues à Manhasset, (près de New York, aux Etats-Unis). Une mise au point au président du Conseil consultatif marocain pour les affaires sahariennes, Khalli Henna Ould Errachid, qui soutenait que «la marge de décision du Polisario est extrêmement limitée». «Le Polisario se trouve sur le territoire algérien. Il est financé et guidé par l'Algérie et, certainement, celui qui finance est celui qui commande», a-t-il encore ajouté. Décidément, tous les stratagèmes sont bons pour Rabat pour accréditer ce qui n'existe que dans l'esprit de ses dirigeants. Prenant le relais, les médias marocains se sont lancés dans une diatribe contre l'Algérie, accusant le pouvoir algérien de tous les maux. Poussant le bouchon plus loin, la presse marocaine faute d'arguments fondés, use d'insultes de bas étage qui n'apportent aucun élément nouveau au débat. De là à nous affubler de tous les «noms d'oiseaux» il y avait un pas qu'il ne fallait pas dépasser. Ne sachant pas raison garder, les médias marocains aiguillonnés par le Makhzen vont jusqu'à insulter l'avenir. Cette stratégie pèche en fait par l'indigence d'esprit de ses concepteurs. Ces derniers croient rendre service à leur peuple en prêchant le faux et la duplicité pour tromper leur propre opinion. C'est de l'autoflagellation. Les médias marocains semblent avoir la mémoire courte. Depuis un certain temps, les scandales se suivent et ne se ressemblent pas au Royaume. Trafic de stupéfiants, torture, corruption, le Maroc est en butte à une situation des plus délicates. De hauts dignitaires du Makhzen sont impliqués dans des affaires louches. Même le roi, Mohammed VI, n'est pas épargné. Il a été rattrapé, en juillet passé, par un scandale financier. Ainsi, usant de diversion, le Royaume chérifien utilise tous les moyens pour étouffer les différents scandales et calmer le front social qui est sur un volcan. Alors haro sur le voisin algérien. Le subterfuge adopté par le Makhzen prend forme. Oubliant leurs déboires, ils détournent la tête de leurs problèmes pour se tourner vers cette Algérie qui, décidément, empêche les gens de l'Ouest de dormir. Dans son délire, la presse marocaine estime que l'Algérie menace «l'intégrité territoriale du Maroc, et bloque également une coopération régionale productive en Afrique du Nord, où Al Qaîda profite de plus en plus de l'instabilité locale pour s'assurer de nouvelles bases plus meurtrières». Pourtant, dans sa loi de finances 2008, le Maroc a réservé près de la moitié de son budget au volet sécuritaire et à la Défense avec plusieurs contrats d'armes signés, notamment avec les Etats-Unis. Et cela au moment où le taux de chômage prend des proportions alarmantes alors que la pauvreté est en pleine expansion au Royaume alaouite. Une politique d'armement tous azimuts. Une politique critiquée par les sujets de Sa Majesté. Si le Makhzen veut faire croire que cette «stratégie» vise à réhabiliter l'équilibre dans la région, les observateurs ne sont pas dupes. Ils affirment que la politique d'armement chérifienne est liée à la question sahraouie et, par ricochet, à l'Algérie, qu'il tenta en 1963 d'envahir lors de la fameuse «guerre des sables». Il est patent que le Royaume chérifien semble avoir privilégié la confrontation. Mais comme dit l'adage «il faut tourner sept fois sa langue dans sa bouche» avant de trouver le poil qui gêne. Il est tout aussi évident que le Maroc, en refusant le droit au peuple sahraoui de s'exprimer par référendum, s'est créé des problèmes qui semblent aujourd'hui le dépasser. Le Maroc qui n'a pas hésité à «partager» son territoire avec la Mauritanie d'Ould Daddah, ne semble pas savoir ce qu'intégrité territoriale veut dire.