Ouyahia a répondu sans gêne et sans être sur la défensive A propos de l'accueil des membres de la famille d'El Gueddafi en Algérie, M. Ouyahia a mis fin à une polémique qui n'a pas lieu d'être, invoquant le sacro-saint principe de l'Aânaya. L'Algérie ne fait pas l'exception. C'est l'argument avancé par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, sur l'accueil de la famille El Gueddafi. Interrogé sur ce sujet brûlant, en marge de l'ouverture de la session parlementaire d'automne, qui s'est tenue hier au Sénat, M. Ouyahia a répondu sans gène. Sans être sur la défensive, M. Ouyahia a été très diplomate dans sa réaction. «Saddam Hussein a été accueilli en Jordanie et ce n'était pas la fin du monde, Zine El Abidine Ben Ali a été accueilli en Arabie Saoudite, c'était pas la fin du monde, en Algérie l'accueil de la famille El Gueddafi a créé la polémique», a-t-il affirmé avec un ton assuré. Il a tenu à préciser que l'accueil de la famille du colonel El Gueddafi a été motivé par des raisons humanitaires. «Nous l'avons fait pour des raisons humanitaires», a-t-il tenu à rappeler en appuyant les propos du ministre des Affaires étrangères. C'est la première fois que le Premier ministre s'exprime sur le dossier libyen depuis la chute d'El Gueddafi. L'occasion lui a été offerte sur un plateau d'argent. L'ouverture de la session d'automne était une opportunité pour lever le brouillard qui entoure certaines questions. En se prêtant au jeu des questions-réponses, M.Ouyahia voulait transmettre un message clair aux mauvaises langues qui mènent, tambour battant, une campagne contre l'Algérie. Depuis la chute du régime El Gueddafi, des rumeurs circulaient sur la fuite du guide libyen en Algérie. Ce n'est que mardi dernier que l'information a été précisée par le département des Affaires étrangères. «La fille de Kadhafi Aïcha, ses frères Hannibal et Mohamed, Safia, la seconde épouse de Mouammar Kadhafi, sont entrés lundi matin en Algérie», avait annoncé le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. La même source ajoute que Aïcha, enceinte, «était arrivée à terme et devait accoucher incessamment». Selon l'ambassadeur d'Algérie aux Nations unies, Mourad Benmehidi, Mme El Gueddafi et ses enfants les ont accompagnés en Algérie. «Il y a beaucoup d'enfants», a-t-il indiqué au New York Times sans pouvoir chiffrer le nombre de personnes dans le groupe. Selon des sources, on avance une trentaine de personnes dont des blessées qui seraient installées dans une résidence officielle strictement gardée dans les environs de Djanet, à 2300 km au sud-est d'Alger. Cette décision n'a pas été du goût du Conseil national de transition en Libye. Ce dernier estime qu'Alger commettrait un acte d'agression en accordant l'asile aux membres de la famille El Gueddafi et envisage de réclamer leur extradition. La position de l'Algérie a été vivement critiquée notamment par la France. Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé l'a qualifiée d'ambiguë. Le Premier-ministre Ouyahia est revenu hier à la charge. «La position de l'Algérie n'est pas embarrassante», a-t-il martelé en préambule pour répondre aux mauvaises langues. M. Ouyahia a réaffirmé la position de l'Algérie vis-à-vis de la crise libyenne, rappelant les récentes déclarations du chef de la diplomatie algérienne, M. Mourad Medelci, qui s'était exprimé sur la position de l'Algérie «au nom de la République». A rappeler que le chef de la diplomatie algérienne a saisi l'occasion de la conférence internationale de soutien à la Libye nouvelle tenue à Paris, pour justifier la position de l'Algérie. «Il n'y a aucune ambiguïté dans la position algérienne concernant le conflit en Libye et que sa neutralité n'est pas synonyme de complicité avec le régime de Mouamar El Gueddafi», a-t-il affirmé. Cette déclaration était une mise au point aux propos de son homologue français, Alain Juppé. Contrairement aux interprétations faites par les uns et les autres, le Premier ministre s'est montré rassurant et optimiste pour l'après-El Gueddafi. «Le retour rapide de la sécurité et de la stabilité en Libye rétablira des relations étroites entre Alger et Tripoli», a-t-il affirmé au niveau de l'APN. En d'autres termes, il dit ceci: «Le retour de la sécurité et de la stabilité en Libye, que nous souhaitons rapide dans ce pays frère, permettra le retour à nos relations fortes et solides et favorisera la construction de l'édifice maghrébin.» Il a rappelé que l'Algérie et la Libye sont liées par des relations de fraternité et de bon voisinage.