Un commandant de police entendu hier au procès de l'ex-président égyptien Hosni Moubarak au Caire a été inculpé en pleine audience pour «faux témoignage» au profit de l'accusé, a déclaré le parquet dans la salle. Le procès de l'ex-président égyptien Hosni Moubarak a repris hier au Caire avec une demande des parties civiles d'entendre comme témoins le chef de l'armée, le maréchal Tantaoui, désormais à la tête du pays, ainsi que l'épouse de l'ancien raïs, Suzanne. Cependant, la journée d'hier a été marqué par un premier coup de théâtre qu'a été l'arrestation en pleine audience d'un commandant de la police pour «faux témoignage» au profit de l'accusé. La demande des parties civiles a été exprimée à la barre lors de la quatrième audience par un représentant du collectif des avocats des familles des victimes de la répression du soulèvement de janvier-février, Me Mohamed el-Damati. La requête concerne en premier lieu le maréchal Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées (Csfa) au pouvoir depuis la chute de M. Moubarak le 11 février. Le maréchal Tantaoui fut pendant 20 ans le ministre de la Défense du président déchu. Les avocats veulent aussi entendre le chef d'Etat-major de l'armée égyptienne, le général Sami Annan, ainsi que le général Omar Souleimane, ancien chef des services secrets, nommé vice-président par M. Moubarak dans ses derniers jours au pouvoir. M. Souleimane aurait déclaré que M. Moubarak était au courant de «chaque balle tirée» contre la foule lors de la révolte, dans une déposition devant le parquet cité en mai par la presse. Egalement visée, Suzanne Thabet-Moubarak, très influente première dame du temps où son mari dirigeait l'Egypte, qui a échappé à un procès pour corruption à la suite d'un arrangement financier avec la justice. Les avocats des familles des quelque 850 personnes tuées lors du soulèvement avaient exprimé leur déception, s'étonnant que les «témoins à charge» se soient transformés en «témoins à décharge». M. Moubarak, 83 ans et hospitalisé, a assisté à l'audience une nouvelle fois allongé sur une civière, avec ses deux fils Alaa et Gamal, jugés eux aussi. Lorsque l'un des avocats des parties civiles a déclaré que «Moubarak est le pire dirigeant que l'Egypte ait connu», Alaa a fait un mouvement de la tête traduisant son indignation et sa colère. Mais le fait marquant de cette jour séance du tribunal du Caire, c'est lorsque le parquet a déclaré dans la salle l'inculpation, en pleine audience, pour «faux témoignage» au profit de l'accusé d'un commandant de police entendu hier au procès de l'ex-président égyptien Hosni Moubarak. Le commandant Mohamed Abdel Hakim est accusé d'avoir fait un «faux témoignage favorable aux accusés», au premier rang desquels figure l'ancien chef d'Etat, a déclaré un procureur, Mostafa Souleimane. Le procureur l'a accusé d'avoir déclaré à l'audience que trois unités antiémeute déployées le 28 janvier au Caire face au soulèvement populaire n'étaient équipées que de munitions à blanc et de grenades lacrymogènes, alors que durant l'enquête il avait aussi fait état de munitions de chasse mortelles. Ces premières déclarations avaient servi de base pour inculper M. Moubarak et son ministre de l'Intérieur de l'époque, Habib el-Adli, pour le meurtre de manifestants lors de la révolte, a-t-il ajouté. Cette mise en cause d'un commandant fait suite à plusieurs témoignages de gradés de la police favorables à M. Moubarak et à son ministre de l'Intérieur de l'époque, Habib el-Adli, jugé en même temps que lui. Ces témoignages n'ont pas permis d'étayer les accusations selon lesquelles MM. Moubarak et Adli seraient impliqués dans des ordres de faire feu avec des munitions mortelles. Les avocats des familles des victimes de la répression ont vivement dénoncé ces derniers jours le fait que les témoins supposés «à charge» convoqués par le parquet soient de fait devenus «à décharge». Certains avocats ont mis en doute la sincérité des dépositions à la barre du tribunal faites par des policiers encore en fonction.