Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan entame demain un voyage en Egypte, en Tunisie et en Libye pour relancer la coopération avec ces trois pays du «Printemps arabe», sur fond de crise dans les relations entre la Turquie et Israël. La première étape de M. Erdogan, qui est devenu une figure populaire dans la rue arabe de par ses virulentes attaques verbales contre l'Etat juif, sera l'Egypte, où la Turquie cherche à forger d'étroits liens avec la nouvelle administration qui remplace celle de l'ex-président Hosni Moubarak. La visite du Premier ministre turc est maintenue en dépit des graves incidents qui se sont produits vendredi soir dans la capitale égyptienne où l'ambassade d'Israël été envahie par des manifestants en colère, et où trois personnes sont mortes et des centaines d'autres ont été blessées, a-t-on indiqué samedi de source turque. Accompagné de plusieurs ministres, de hauts responsables et de chefs d'entreprise, M. Erdogan s'entretiendra au Caire avec le maréchal Hussein Tantaoui, le chef d'Etat de facto de l'Egypte. Une série d'accords de coopération seront signés. Le chef du gouvernement turc doit en outre prononcer un discours au cours d'une réunion ministérielle de la Ligue arabe dans la capitale égyptienne et rencontrer le secrétaire général de cette organisation, Nabil al-Arabi. M. Erdogan devrait également recevoir de jeunes manifestants de Tahrir, la place emblématique de la révolte qui a conduit à la chute de Moubarak. Un déplacement à Ghaza, contrôlé par le Hamas et souhaité personnellement par M. Erdogan, pour qui les militants de ce mouvement palestinien islamiste ne sont que des «résistants en lutte pour la défense de leur terre», n'est plus d'actualité, souligne-t-on à Ankara. De source diplomatique, on précise que le gouvernement turc ne souhaite pas contrarier le nouveau gouvernement en place au Caire avec le passage d'une délégation officielle turque par le poste frontière de Rafah, entre l'Egypte et la Bande de Ghaza. Pourtant, la défense de la cause palestinienne et surtout la levée du blocus imposé par Israël à la bande de Ghaza constituent l'un des piliers de la nouvelle politique étrangère de la Turquie, qui cherche à accroître son influence dans les pays de la région. Une telle visite à Ghaza n'aurait pas manqué d'envenimer encore un peu plus les relations, déjà très tendues, entre la Turquie et Israël, qui considère le Hamas comme un «mouvement terroriste». M. Erdogan et sa délégation seront mercredi en Tunisie pour rencontrer les dirigeants de ce pays dont le Premier ministre Béji Caïd Essebsi. Le Premier ministre turc se rendra jeudi en Libye, dernière étape de son voyage, pour évoquer la contribution turque à la reconstruction de ce pays. Au menu de son programme: plusieurs rencontres dont celle avec Mustapha Abdeljalil, le président du Conseil national de transition (CNT). La tournée de M. Erdogan intervient à un moment où les rapports entre la Turquie et Israël, jadis alliés, sont au plus bas, à cause du refus de l'Etat hébreu de présenter des excuses pour la mort, en mai 2010, de neuf Turcs pendant l'abordage par les forces israéliennes d'un ferry turc faisant partie d'un convoi humanitaire en route pour Ghaza. Ankara a expulsé l'ambassadeur israélien, gelé les relations militaires bilatérales, et menacé de faire escorter militairement les bateaux turcs qui se rendraient vers la bande de Ghaza, pour y acheminer de l'aide humanitaire.