«Il y a des silences qui sont de dangereux explosifs!» Daniel Pennac Le milliardaire saoudien Al Walid ben Talal lancera en 2012 une nouvelle chaîne de télévision d'informations en continu, Al Arab, et cela pour stopper la pression et l'hégémonie d'Al Jazeera. Lors d'une conférence de presse au siège de son groupe Kingdom Holding, le prince Al Walid, neveu du roi d'Arabie Saoudite et propriétaire de plusieurs groupes internationaux dont l'hôtel Georges V à Paris, a déclaré que cette opération vise à accompagner le «Printemps arabe» et contribuer à la promotion de la liberté d'expression dans le Monde arabe». Il ajoute que «la région connaît des changements dramatiques, en passe de se poursuivre et de provoquer des développements importants, qu'Al Arab va accompagner», avant d'ajouter qu'Al Arab entend contribuer à «la promotion de la liberté d'expression et de la presse dans le monde arabe» par une couverture «objective, équilibrée et crédible» de l'actualité régionale. Visiblement très sensible aux campagnes de manipulation et déstabilisation d'Al Jazeera dans le Monde arabe, le prince Al Walid entend prendre ses dispositions et éviter que son pays, l'Arabie Saoudite, soit touchée par la vague de la Révolution arabe. La nouvelle chaîne réservera une tranche quotidienne de cinq heures aux informations économiques et financières, qu'elle confectionnera en collaboration avec le groupe américain Bloomberg LP en vertu de l'accord conclu entre les deux parties. Al Arab, dotée d'un réseau de journalistes du Monde arabe, entrera en compétition avec les deux chaînes régionales qui dominent déjà le secteur dans le Monde arabe: la chaîne qatarie Al Jazeera et Al Arabiya émettent de Dubaï à capitaux saoudiens. Son siège n'a pas été encore choisi: Manama, Doha, Dubaï, Abou Dhabi ou Beyrouth figurent parmi les villes pouvant abriter la nouvelle chaîne qui sera, selon le communiqué, indépendante de Rotana, le groupe régional de divertissement du prince Al Walid, lequel avait vendu 9% de ses actions au géant des médias News Corporation de Rupert Murdoch. Le Saoudien Jamal Khashoggi, un vétéran de la presse saoudienne, proche des Al Fayçal, une branche de la famille régnante en Arabie Saoudite, dirigera Al Arab. En mai 2010, il avait dû démissionner de son poste de rédacteur en chef de l'influent quotidien saoudien Al Watan dont il avait fait une tribune progressiste, et ce, après la parution d'un article critiquant le salafisme qui avait suscité des remous dans les milieux conservateurs. Il est clair que cette nouvelle télévision vise à apaiser la tension médiatique qui est très forte dans le Monde arabe et qui a poussé à l'ouverture du champ audiovisuel dans certains pays, considéré comme fermé telles la Tunisie, la Mauritanie et aujourd'hui l'Algérie. [email protected]