Du haut de ses 39 printemps, Amazigh Kateb a fêté son anniversaire jeudi dernier sur les planches du Théâtre de verdure d'Alger en donnant un de ses derniers concerts avant sa réformation avec le groupe Gnawa Diffusion. Amazigh Kateb rentrait fraîchement d'une tournée qu'il l'a mené au Japon où il a été à la rencontre de ses nombreux fans bridés. Fidèle à lui-même, l'artiste s'est donné à fond comme à son habitude en enchaînant les tubes de son dernier album Marcher noir. C'est devant un public bondé, bien allumé et scandant à tue-tête «Chaâb yourid ezetla batel» que l'artiste s'est produit en donnant le meilleur de lui -même. Bonjour ma vie, (texte de Kateb Yacine sur une composition musicale d'Amazigh), Moussiba, Amral Gerrba, Dounia, Dima, esprit africain, I wana tceehfly, Koma, autant de titres entraînants qui ont déchaîné la foule. Rock, reggae, chaoui ou gnawi à l'aide d'un gumbri ou sans, Amazigh chante le monde et décortique les vices et travers de la société algérienne et ses traumas... Cette Alger si rêche de l'extérieur mais tendre à l'intérieur ou encore celle qui se voile le jour et effraie la nuit. Belle poésie gorgée de mélancolie. Avec des mots qui sonnent, Amazigh déroule la carte de l'humanité entre bonne ou vilaine, sage ou corrompue. Le pourfendeur des temps assassins dénonce et glisse des mots d'ordre parfois qui font rire mais ne laissent pas dupes. En cela, le verbe d'Amazigh Kateb, à l'instar de son romancier et dramaturge de père, est puissant et fort car même enrobé de musicalité ne peut qu'être entendu. Amazigh Kateb qui, aujourd'hui devenu papa, a sans doute cette conscience accrue des réalités en pensant à ce que les enfants d'aujourd'hui vont devenir plus tard et recevoir comme vie dans ce pays où «l'ordre n'existe pas».... Mais il semblerait comme un peu assagi sans que combat et engagement ne prennent en fait, une ride. L'Africain dans l'âme et le sang n'a pas encore «éructé» son dernier mot! Le rebelle est incontestablement là et son arme de destruction massive, sa musique ne se renouvelle que pour mieux servir son art et son discours, corrosif, certes, mais qui fait tout de même du bien là ou ça fait souvent mal! Organisé par la boite Adrénaline, le concert avait comme première partie le groupe Tataful qui échauffera grandement le public avec sa musique ardente et exotique venue d'ailleurs. Entre reggae et zouk, le public n'a pas arrêté de danser jusqu'à l'arrivée d'Amazigh précédé par un mix musical, signé de son DG. En somme, dans la nuit les esprits ont été bien entendus...Et le poisson rouge évadé de son bocal a bien gigoté.